La question du taux du livret revient sur le tapis
Alors que le débat sur la rémunération de l’épargne reprend ce mercredi après-midi à la Chambre, Testachats propose la création d’un compte d’épargne à taux unique minimum.
N’en déplaise aux banques, le débat sur la rémunération de l’épargne n’est pas enterré. Loin de là. Dans la foulée du bon d’État et de son retentissant succès, les discussions reprennent ce mercredi après-midi au Parlement avec l’audition en commission des Finances de divers experts et parties prenantes (Testachats, Financité, vdk bank, Febelfin, l’économiste Eric Dor…) qui se prononceront sur les propositions de loi mises sur la table du gouvernement par Ecolo/Groen et les socialistes.
Des propositions dont l’objectif, rappelons-le, est de lier de manière automatique le taux du livret au taux de dépôt de la BCE. A tout le moins, comme le proposent les verts, de protéger les premiers 10.000 euros épargnés avec un taux qui serait calqué sur celui des obligations belges (OLO) à dix ans.
Ecolo insiste
Gilles Vanden Burre, député Ecolo et chef de groupe à la Chambre, insiste : “Le succès du bon d’État démontre qu’il y a une attente des citoyens pour que leur épargne soit rémunérée de manière plus juste”, plante-t-il. Selon lui, le succès du bon d’État n’enlève rien à la nécessité de légiférer. Que du contraire. “Notre objectif prioritaire reste de changer la loi pour forcer la main aux banques pour qu’elles augmentent leurs taux pour les épargnants, alors que la BCE vient une nouvelle fois de remonter les siens. Il faut sortir du discours bancaire qui plaide pour le statu quo.”
Et d’ajouter : “Voir le débat s’élargir à d’autres avis que celui de la Banque Nationale, qui est trop souvent le porte-parole des banques, est une bonne chose. La proposition de Testachats ouvre encore plus les discussions et montre qu’il est nécessaire d’avoir une solution structurelle”, selon le député Ecolo.
Testachats monte au créneau
En fait de solution structurelle, Testachats profite de l’occasion pour lancer l’idée de créer d’un nouveau compte d’épargne réglementé qui remplacerait la formule actuelle. Celui-ci prévoirait un taux unique, sans prime de fidélité, qui vaudrait sur un montant maximum à déterminer par le législateur. “Les taux actuels sont injustes… et trompeurs”, selon l’association de défense des consommateurs. “Bien que plusieurs banques aient relevé leurs taux sur leur compte d’épargne, il faut noter que ce relèvement a jusqu’ici surtout porté sur la prime de fidélité. Or la nouvelle prime, plus élevée, ne s’applique que progressivement aux avoirs en compte, et est en outre soumise à conditions. Elle n’est accordée que de 12 mois en 12 mois. Si un épargnant retire son argent entre-temps, il perd le droit à la nouvelle prime. La prime de fidélité permet en fait aux banques de mettre en avant un taux élevé tout en sachant qu’en moyenne, elles offriront moins.”
D’où cette proposition visant à supprimer le système de prime de fidélité. Comment ? “En créant un nouveau compte à taux unique dont le niveau minimum serait fixé en fonction du taux auquel les banques peuvent elles-mêmes prêter de l’argent à la BCE, avec un écart maximum entre les deux fixé à 1 % afin d’éviter la situation actuelle de décalage entre le taux dont les banques profitent et celui qu’elles octroient aux épargnants”, précise Testachats.
Paul De Grauwe revient à la charge
Et ce n’est pas tout. Car voici quelques jours, c’est Paul De Grauwe qui remettait une couche suite à la décision de la BCE de porter la rémunération des liquidités excédentaires que les banques placent chez elle à 4 %. En gros, cela signifie que si rien ne change sur un an, la BCE “augmente ses généreux transferts aux banques de 10 milliards d’euros pour atteindre un total de 146 milliards d’euros”, soulignait l’économiste dans un post sur X (ex-Twitter), se demandant pourquoi la BCE n’avait pas augmenté le taux des réserves obligatoires, c’est-à-dire l’argent que les banques doivent placer sur un compte gelé auprès de la BCE qui ne génère aucun intérêt, pour éviter de faire un tel cadeau aux banques.
Quant au professeur Eric Dor (IESEG School of Management), il a calculé que le cadeau fait par la BCE aux banques belges se montait dorénavant à pas moins de 837 millions d’euros d’intérêts par mois, soit un peu plus de dix milliards par an, grâce à cette rémunération des dépôts par la banque centrale qui se s’élève donc désormais à 4 %, contre 3,75 % auparavant.
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