La BEI se cherche un nouveau dirigeant

Nadia Calviño et Margrethe Vestager © Getty

Après 12 ans sous la houlette de l’Allemand Werner Hoyer, la Banque européenne d’investissement se cherche un nouveau CEO. En ces temps où l’argent manque et ou l’Europe cherche à investir pour répondre aux crises, le poste n’a jamais été autant convoité.

Le poste de directeur de la Banque européenne d’investissement (BEI) n’est peut-être pas le poste le plus en vue sur la scène internationale, mais il ne suscite pas moins une réelle convoitise. Véritable bras armé financier de l’Union, celui ou celle qui dirige la BEI n’est rien de moins qu’une des personnes les plus puissantes d’Europe. L’institution et ses quelque 70 milliards d’euros quelle prête par an sont en effet d’une importance stratégique capitale. Une importance qui n’échappe à aucun pays membre à l’heure où l’argent manque face aux défis comme la guerre en Ukraine, la transition climatique ou encore l’autonomie stratégique.

Qu’est-ce que la Banque européenne d’investissement (BEI) ?

La Banque européenne d’investissement (BEI) est l’institution financière de l’Union européenne. Elle finance sans but lucratif les politiques européennes avec de l’argent emprunté sur les marchés des capitaux. Créée en 1958, la banque de l’UE a investi depuis plus de 1 000 milliards d’euros. Forte de son triple A, elle ambitionne aujourd’hui de devenir la “banque européenne du climat” et s’est muée depuis quelques années en banque de la transition écologique. Si la Banque européenne d’investissement réalise 80 à 90 % de ses activités sur l’UE, celle-ci opère également en dehors de ses frontières via BEI Monde. La BEI emploie actuellement plus de 4 000 agents et son siège social se situe à Luxembourg.

Or l’institution financière est à la recherche d’un nouveau patron. L’actuel, l’Allemand Werner Hoyer, doit quitter ses fonctions à la fin de l’année après 12 ans aux commandes. Et depuis quelques mois, une lutte feutrée se déroule en coulisse pour prendre sa relève. Plusieurs politiques de premier rang essayent de placer leurs pions. Officiellement, il y a cinq candidats en lice: la Commissaire européenne danoise Margrethe Vestager, la ministre espagnole des Finances Nadia Calviño, deux poids lourds de l’échiquier politique européen. Il y aussi le suédois Thomas Östros et la polonaise Teresa Czerwińska, tous deux actuellement vice-présidents de la BEI. Enfin, l’ancien ministre italien des Finances, Daniele Franco, complète la liste. Des cinq candidats, les deux premières semblent être les favorites. Mais rien n’est encore joué et rien n’interdit qu’un sixième ou septième candidat sorte du chapeau dans la dernière ligne droite.

Werner Hoyer, président de la Banque européenne d’investissement (BEI) © REUTERS/François Lenoir

Car, pour obtenir le poste, il faut le soutien d’au minimum dix-huit Etats membres qui détiennent au minimum 68 % du capital de la BEI. Et si la Banque européenne d’investissement (BEI) est la propriété collective de tous les États membres européens, tous n’ont pas le même poids. Les plus importants sont l’Allemagne (26 % du capital), la France (20 %), l’Italie (17 %) et l’Espagne (12 %). C’est donc en priorité eux qu’il faut séduire puisque la nomination est aussi, voire surtout, politique. Un marchandage en coulisse guère transparent et qui ne favorise pas toujours l’expérience ou le mérite. L’aspect politique risque de peser d’autant plus qu’on est en plein milieu de ce que l’on peut qualifier du «mercato des top jobs » européen. Ainsi après les élections européennes de juin 2024 des postes de premier ordre seront redistribués. Par exemple, la fonction de président du Conseil européen occupée aujourd’hui par Charles Michel et qui devra bien se recaser quelque part. Enfin, joue aussi dans la balance, la succession à la tête de l’OTAN. En octobre 2024 le secrétaire général Jens Stoltenberg quittera ses fonctions. Soit autant de postes à pourvoir qui feront l’objet d’autant de tractations entre les pays membres.

Quoi qu’il en soit la décision définitive sera prise par les ministres des Finances des États membres, qui forment le Conseil des gouverneurs et organe suprême de la BEI. C’est Vincent Van Peteghem (CD&V) qui préside les délibérations puisqu’il occupe en occupe la présidence en ce moment. Si les ministres se réunissent chaque mois, la décision se fait encore attendre. Les ministres des finances européens ne sont pas parvenus à se mettre d’accord lorsqu’ils se sont réunis les 15 et 16 septembre, à Saint-Jacques-de-Compostelle, en Espagne. Ils n’ont, semble-t-il, pas non plus obtenu un consensus ce mardi 17 octobre au Luxembourg. Le temps commence à presser puisque le nouveau président doit prendre ses fonctions le 1er janvier 2024.

Et Kris Peeters ?

Kris Peeters est aujourd’hui l’un des 8 vice-présidents de la BEI. Il ne l’est cependant plus que pour quelques mois puisqu’il sera remplacé par le Néerlandais Robert de Groot en janvier de l’année prochaine. Les pays du Benelux doivent en effet se partager en alternance un siège au sein du comité de direction. Le mandat de vice-président dure normalement six ans, mais comme la Belgique a tergiversé pendant trois ans avant de nommer Peeters comme vice-président, il ne prestera que la moitié de son mandat. Peeters était pourtant tout disposé à rester, mais les Pays-Bas lui ont signifié que ce n’était pas nécessaire précise De Standaard.

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