Bruno Colmant sur la chute des banques américaines: “Ce n’est pas une crise systémique comme en 2008”

Sebastien Buron
Sebastien Buron Journaliste Trends-Tendances

L’économiste commente la chute des banques américaines SVB et consorts qui, selon lui, n’a rien de comparable avec la faillite de Lehman Brothers en 2008.

Pourquoi SVB s’est-elle effondrée ?

La hausse des taux a non seulement été brutale et rapide aux Etats-Unis mais en en plus elle n’était pas terminée. Or une hausse des taux d’intérêt conduit à augmenter le coût des ressources d’une banque sur son passif tandis que les actifs à plus long terme subissent une dépréciation parfois plus importante. Et ensuite, cela a été la panique. Le problème de solvabilité s’est rapidement transformé en un problème de liquidité.

Est-ce une crise systémique comme en 2008 ?

Absolument pas. La situation n’est pas comparable. Le risque est circonscrit. Il est cloisonné dans certaines banques et dans un secteur en particulier. Ce n’est pas une crise systémique comme en 2008. A l’époque, ce sont des tas de bombes à fragmentations qui  ont explosé un peu partout dans le monde. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Les autorités américaines ont par ailleurs réagi extrêmement rapidement. Les déposants sont protégés. Les seuls qui vont perdre de l’argent dans l’histoire, ce sont les actionnaires de SVB.

Les épargnants doivent-ils se faire du souci en Europe ?

Non, et pour deux raisons. La hausse des taux d’intérêt a été beaucoup moins rapide en Europe qu’aux Etats-Unis. Les Américains ont été trop fort trop vite. La rémunération des dépôts n’ a pas été adaptée aussi vite en Europe. On le voit d’ailleurs bien chez nous avec le taux du livret qui a peu bougé malgré la hausse des taux. Les banques européennes sont par ailleurs beaucoup mieux régulées et sécurisées qu’avant 2008. 

La morale de l’histoire ?

Il ne faut pas sous-estimer l’impact d’une hausse de taux pour les banques. Cela peut causer de gros déséquilibres sur leur bilan. Cela montre bien aussi que les risques financiers se sont déplacés vers des classes d’actifs moins régulées, tels le private equity, le venture capital, etc. L’eau ne disparaît pas. Simplement, elle suit d’autres canaux d’irrigation. C’est ce qui fait peur aux marchés. Quant aux banques centrales, il est clair qu’elles vont devoir être encore plus attentives à leur resserrement monétaire.

Propos recueillis par Sébastien Buron

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