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Tim Geithner a rejoint Warburg Pincus, un fonds d’investissement américain

Tim Geithner, l’ancien secrétaire au Trésor américain a rejoint un fonds d’investissement américain, Warburg Pincus. C’est une nouvelle qui a irrité plusieurs médias américains car ils ont fait observer qu’après la crise financière, Tim Geithner a été nommé à ce poste pour faire en sorte que ce genre de crise ne se reproduise plus…

Ce secrétaire d’Etat au Trésor, l’équivalent de notre ministre des Finances, a donc logiquement pris part à la rédaction de réglementations visant à “domestiquer” la finance, mais comme par hasard, ces nouvelles réglementations ont exclus de leur champ des acteurs importants, comme le fonds d’investissement Warburg Pincus pour lequel l’ex-secrétaire d’Etat américain va aller pantoufler ! Autrement dit, terminer ces jours à l’abri du besoin.

Bien entendu, tous les observateurs ont immédiatement souligné que ce type de “pantouflage” à l’américaine est de nature à éroder sensiblement la confiance des citoyens dans le système ! Qui croire encore quand le gendarme rejoint les braconniers ?

Mais en fait, tout cela c’est de l’hypocrisie car la démocratie américaine est aujourd’hui légalement corrompue. Et ce n’est pas moi qui le dit mais pas mal d’observateurs dont Joseph Stiglitz, un prix Nobel d’économie. S’ils le disent, c’est parce que depuis le 21 juillet 2010, un arrêt de la Cour Suprême américaine a aboli le plafond de 5 000 dollars maximum autorisé pour chaque don privé à un candidat.

En clair, depuis 2010, les Américains les plus riches peuvent donner tout l’argent qu’ils veulent le plus anonymement du monde pour influer sur la politique des candidats… et donc leur réclamer des comptes au final.

C’est tellement vrai, qu’un tout petit parti comme le Tea Party a pu bloquer les Etats-Unis, ces derniers mois, uniquement grâce à l’argent versé par deux milliardaires : David et Charles Koch !

Le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz va jusqu’à dire “qu’il y a peu de différence entre la corruption et ce qui se passe aujourd’hui, à savoir des candidats qui reçoivent de l’argent d’une entreprise pour leur campagne et soutiennent des lois qui les arrangent”. Joseph Stiglitz dénonce aussi les lobbys, et notamment des banques qui ont fait de la réglementation financière une sorte de “fromage suisse, plein de trous, d’exceptions et d’exemptions”.

Avec le départ de l’ancien secrétaire d’Etat au Trésor pour un fonds d’investissement, on aura compris que le gendarme américain ne sera jamais un vrai gendarme tant que les braconniers lui proposeront des sommes folles pour détourner son regard. C’est la raison pour laquelle beaucoup d’intellectuels n’hésitent plus à dire que la démocratie américaine a été confisquée par les lobbys, une sorte de détournement légal.

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