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Supprimer le redoublement à l’école : une idée invendable ?

Faut-il supprimer le redoublement à l’école ? La question semble saugrenue et a même été qualifiée de “débile” par notre ministre de l’Enseignement. L’idée, pourtant, revient régulièrement, et récemment encore, via un rapport de l’OCDE, une organisation économique internationale réputée pour la qualité de ses études.

Faut-il supprimer le redoublement à l’école ? La question semble saugrenue et a même été qualifiée de “débile” par notre ministre de l’Enseignement. L’idée, pourtant, revient régulièrement, et récemment encore, via un rapport de l’OCDE, une organisation économique internationale réputée pour la qualité de ses études.

Avant de voir quelles raisons motivent cette suppression, je précise qu’en Belgique, près d’un étudiant sur cinq abandonne l’école avant d’avoir fini ses études secondaires. Si l’on ajoute, à ce constat, une statistique établie cette fois par notre ministère de l’économie, on remarque clairement qu’il y a un lien direct entre le niveau d’éducation et le taux de chômage : 84 % des jeunes de moins de 30 ans qui ont quitté l’école avec un diplôme universitaire ou d’une grande école ont trouvé un emploi après un an. Ce taux retombe à 29 % pour ceux et celles qui ont quitté l’école avec juste un diplôme d’études primaires. A l’entendre, cela ressemble à une évidence, mais il fallait quand même le mesurer et c’est ce qu’a fait notre ministère de l’Economie.

D’où la suggestion, faite par l’OCDE, de réduire l’échec scolaire car cette réduction est payante pour la société dans son ensemble. Cela peut donc contribuer à la croissance d’un pays comme la Belgique. Mais là où cela se corse, c’est que, pour lutter contre l’échec scolaire, les économistes de l’OCDE préconisent de supprimer le redoublement scolaire. Pourquoi ? Parce qu’il est coûteux et inefficace !

“Coûteux” dans le sens où, en Belgique, le coût du redoublement représente 416 millions d’euros. “Inefficace” dans le sens où l’amélioration des résultats scolaires est en moyenne très modeste et souvent de courte durée. L’OCDE plaide donc pour des alternatives, notamment en palliant les lacunes scolaires dès qu’elles sont identifiées durant l’année scolaire, puis en limitant le redoublement uniquement aux matières dans lesquelles l’élève a échoué tout en lui assurant un soutien personnalisé.

Les experts de l’OCDE citent en exemple les pays scandinaves. La Finlande et la Norvège ont presque supprimé le redoublement. Pourtant, ces deux pays apparaissent tout en haut des statistiques mondiales sur la réussite scolaire (étude Pisa). C’est donc tout sauf un nivellement par le bas. Mais c’est vrai, l’idée est invendable politiquement auprès de la population. En outre, supprimer le redoublement ne peut faire économiser 416 millions d’euros qu’à la condition d’avoir un soutien individualisé pour les cas à problème.

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