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Qui a le plus beau cartable ?

Lundi prochain, c’est la rentrée. Pour tout le monde : écoliers, professeurs, parents, travailleurs, chefs d’entreprise… Mais aussi pour l’équipe Di Rupo, qui a pris des quartiers d’été bien mérités après la fanfare de fin juillet dernier. Et qu’ont-ils dans leurs cartables, nos ministres ? Du lourd, assurément.

Car la rentrée 2013 constitue les prémices de 2014, une année marquée par des élections sous haute tension pour lesquelles toutes et tous ont déjà taillé leurs crayons.

Le cartable en lui-même constitue pour tout écolier qui se respecte un élément prépondérant de la rentrée des classes. Flambant neuf de préférence, à la mode, symbole du sérieux, de la motivation, voire même de l’intelligence de celui qui le porte. Bien entendu, les accessoires qui le garnissent — classeurs, plumier, marqueurs, etc. — servent tout autant la réputation de leur utilisateur. Puéril ? Il semble pourtant que nos ministres n’échappent pas à la règle (quoiqu’ils insistent un peu plus sur le contenu que le contenant) : c’est à celui qui sortira le dossier affublé du titre le plus vendeur que retiendra l’attention des médias… et de l’électorat.

Petit tour d’horizon. Chez Elio, on verrait plutôt une serviette de cuir noir, toute en sobriété. A l’intérieur — outre le traditionnel cahier Atoma rouge sur lequel il est probablement écrit en grand “Plan de relance” — on trouve plusieurs dossiers chauds, impliquant divers de ses camarades.

Jean-Pascal Labille (PS) d’abord (lui plutôt en mode farde à soufflet bourrée de paperasse, calée sous le bras gauche), pour ce qui concerne le salaire des patrons des entreprises publiques (lire aussi en page 14). Arrivé dans le cartable du Premier en mai 2012, ce dossier à haut potentiel médiatique aux coins déjà écornés n’a pas encore été classé. Pire : il revient sur le haut de la pile, suite aux déclarations sans équivoque de Johnny Thijs, le patron de bpost qui se dit “prêt à faire un effort”, mais qui ne conserverait en tout cas pas ses fonctions pour un salaire de 290.000 euros. Ça, c’est dit.

Monica De Coninck (sp.a), sac en bandoulière décontracté, aura certainement fort à faire pour réviser la loi sur la compétitivité des entreprises. Et pour cause : rien que l’intitulé déchaîne les passions. Pour rappel, cette loi impose une norme salariale préventive basée sur l’évolution attendue du coût salarial dans trois pays voisins : la France, l’Allemagne et les Pays-Bas. Or, s’il apparaît que les coûts salariaux belges, nettement plus élevés que ceux de ses voisins, sont un handicap pour sa compétitivité, la valeur de cet écart fait l’objet de multiples discussions. Patronat et syndicats ne sont évidemment pas sur la même longueur d’onde ; les négociations avec les partenaires sociaux risquent d’être musclées.

Que dire d’Olivier Chastel (MR), dont le look de premier de classe irait bien avec un petit sac à dos carré, qui devra boucler le budget fédéral 2014 avant le 15 octobre. D’accord, une bonne partie du boulot a déjà été abattue avant l’été, mais sous le vocable “budget” s’agitent toujours les spectres de l’augmentation de la TVA, de la réduction des allocations, de la taxation des voitures de société ou de l’immobilier… De quoi vous ruiner une réputation en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.

Enfin, le discret et mesuré Koen Geens (CD&V), au bras duquel une mallette épaisse, entre médecin de campagne et patron ancien style, ne dénoterait pas. Scission des banques, réforme du livret, dossier Dexia : rien de très sexy mais il s’en moque. Cet élève du fond de la classe est plutôt du genre à laisser pétarader les plus turbulents… Mais quand il prend la parole, tout le monde se tait. L’élève modèle, en somme ?

CAMILLE VAN VYVE, Rédactrice en chef adjointe

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