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Quand l’Europe dope sa croissance par la dette

J’avais expliqué hier comment la Chine en sous-évaluant systématiquement sa monnaie et en freinant les importations via une bureaucratie tatillonne avait réussi l’exploit de dégager un excédent commercial avec l’Europe de 150 milliards d’euros par an.

Un excèdent commercial qui peut se comparer comme un prélèvement du même montant sur la croissance et l’emploi en Europe. Inversement, la Chine bénéficie de 150 milliards d’euros sous forme d’emplois en plus !

Et donc, ces dernières années, l’Europe a compensé cette baisse d’activité créée par la Chine en dopant sa croissance par la dette. De 2001 à 2008, l’endettement des ménages occidentaux a été multiplié par trois ! La dette a donc servi et sert encore à financer des achats de produits de consommation et donc à pousser de façon artificielle une croissance très précaire !

L’occident et l’Europe en particulier se sont finalement endettés pour acheter des produits fabriqués en Asie. Pour obtenir quelques miettes de croissance, l’occident est entré dans la spirale de l’endettement, bien souvent, avec la complicité du secteur bancaire qui a poussé à l’endettement les ménages les plus faibles. Pendant que l’Europe et les Etats-Unis s’endettaient, la Chine devenait jour après jour le poumon industriel du monde. C’est la première peine de l’occident.

La seconde peine, c’est l’inflation : comme la Chine a besoin de matières premières pour faire tourner ses usines – n’oubliez pas que la Chine consomme la moitié de la production mondiale du minerai de fer. Cet appétit chinois pour les matières premières créé une rente pour les pays exportateurs comme le Brésil, l’Australie ou les pays du Golfe. Autrement dit, la Chine rend tous ces pays encore plus riches en renforçant leur rente – et au passage, elle fait augmenter l’inflation en occident.

Une inflation qui correspond à un second prélèvement sur nos économies et au final, nos entreprises n’ont d’autre choix que de licencier du personnel. C’est ce que l’économiste Henri de Bodinat appelle “la mondialisation asymétrique” : les excédents commerciaux pour les uns, le chômage pour l’Europe.

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