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Pouvoirs publics et bien-être : l’excuse du modèle scandinave

Avec la régularité d’un métronome, des voix s’élèvent pour réclamer l’implémentation du modèle scandinave en Belgique. Hélas, ce modèle n’est pas le paradis ultime dans lequel une grande emprise des pouvoirs publics et une économie dynamique vont harmonieusement de pair.

Avec la régularité d’un métronome, des voix s’élèvent pour réclamer l’implémentation du modèle scandinave en Belgique. Hélas, ce modèle n’est pas le paradis ultime dans lequel une grande emprise des pouvoirs publics et une économie dynamique vont harmonieusement de pair.

Les prestations de la Finlande, de la Norvège, de la Suède et du Danemark sont très bonnes sur un certain nombre de plans. Ainsi, la pauvreté y est en moyenne faible et ces pays obtiennent de bons résultats en ce qui concerne le taux d’activité et les finances publiques. Mais lorsque certains parlent du “modèle nordique”, ils veulent surtout montrer qu’une économie dynamique et un grand Etat providence peuvent aller de pair. D’aucuns voudraient encore aller plus loin et affirment qu’un grand Etat providence est une formule à succès pour réaliser une économie dynamique.

Il est cependant frappant de constater que l’on évoque le modèle scandinave d’une façon très sélective et peu critique. Il ne faudrait pas oublier, par exemple, que les ressources pétrolières de la Norvège jouent un rôle important dans l’excédent budgétaire de 10 % du PIB. Ce secteur réalise 20 % du PIB et est donc aussi très important pour l’emploi. Les impôts perçus dans les pays nordiques sont parmi les plus élevés du monde. Une voiture coûte, taxes incluses, plus du double d’un véhicule en Belgique. De tels impôts directs élevés seraient difficiles à accepter dans notre pays, et entraîneraient un comportement massif de fuite. Les Scandinaves aimeraient aussi fuir leurs impôts mais dans ces pays, c’est un peu plus difficile de sauter par-dessus les frontières. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un coup d’oeil sur une carte.

Solidarité

Les chiffres économiques de la Norvège sont enjolivés par le pétrole tandis qu’en Suède, c’est l’Etat lui-même qui leur donne de belles couleurs. Le chômage caché y est très important – un rapport de McKinsey l’a évaluéà 17 % de la population active – et l’absentéisme est un sport national. En Suède, le secteur public représente 30 % de l’emploi total, c’est-à-dire le double de ce qu’il pèse en Allemagne. Et la BCE a classé la Suède à la dernière place de tous les pays OCDE en matière d’efficacité de l’Etat. Le modèle subira aussi un test important lorsque le vieillissement de la population s’accélérera.

Mais ces éléments n’assombrissent naturellement pas l’ensemble du tableau. Une visite sur place permet de se rendre compte que ces pays fonctionnent mieux que le nôtre. Un puissant sentiment de solidarité joue un grand rôle à cet égard. Les gens y éprouvent du respect pour leur pays.

L’analyse sélective du modèle viking est cependant trop utilisée chez nous pour défendre un haut degré d’emprise de l’Etat. On oublie de dire à cet égard que dans les pays nordiques, la solidarité est étroitement associée à la responsabilité. Il suffit de songer au système de flexicurity au Danemark, un système dans lequel les chômeurs reçoivent une aide financière couplée à des programmes d’activation obligatoires.

A moins que nous ne trouvions du pétrole en grande quantité ou que nous fermions nos frontières et augmentions radicalement les taxes sur la consommation, le modèle scandinave est une utopie pour notre économie. Le modèle suisse par contre, est plus intéressant, plus performant et plus pertinent sur le plan du tissu économique. Mais il comporte une faible emprise des pouvoirs publics et ce dernier point ne cadre pas toujours avec l’Etat dont rêvent les admirateurs des Vikings.

Réactions : trends@econopolis.be

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