Tsipras: “Accepter ces propositions, ce serait asséner un coup dur à l’Europe de la démocratie”

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La Grèce a soumis une contre-proposition de réformes à ses créanciers, UE et FMI, afin de trouver un accord permettant la reprise du financement du pays, dont les caisses sont quasiment vides, ont indiqué mardi à l’AFP des sources européennes.

Athènes a soumis une “contre-proposition” aux institutions, “qui sont en train de l’étudier”, a indiqué une des sources, sans préciser le contenu de ce document. Deux émissaires du Premier ministre grec Alexis Tsipras, dont le chef de file des négociations politiques Euclide Tsakalotos, se sont rendus lundi à Bruxelles pour évaluer “les marges” en vue d’un éventuel accord avec les créanciers. Ils se sont entretenus avec le commissaire européen chargé des Affaires économiques, Pierre Moscovici, selon une source proche des discussions.

La Grèce, qui attend désespérément le versement de 7,2 milliards d’euros du FMI, de la BCE et de l’UE, en échange de réformes difficiles, a peu de temps pour négocier avant de n’avoir vraiment plus rien en caisse.

Jusqu’ici, le gouvernement de gauche radicale estimait avoir présenté une offre d’accord de 47 pages comprenant de nombreuses concessions, sur le plan fiscal et budgétaire notamment, par rapport à ses engagements de campagne.

Mais ses créanciers n’en voulaient pas et les discussions ont achoppé la semaine dernière à Bruxelles sur les modalités d’une nouvelle réforme des retraites et une hausse de la TVA sur l’électricité. Toutes les propositions soumises par Syriza depuis son accession au pouvoir fin janvier ont jusqu’ici été jugées insuffisantes par les institutions.

Tsipras: “Ce sont des propositions que nous ne pouvons pas accepter”

Dans un entretien accordé au quotidien italien Corriere della Sera, Alexis Tsipras a une nouvelle fois rejeté deux des exigences de ses créanciers, la réforme des retraites et la fin des aides aux citoyens les plus pauvres. “Ce sont des propositions que nous ne pouvons pas accepter, non seulement parce qu’elles sont en-dehors du mandat populaire que nous avons reçu, mais aussi parce que si nous les acceptions, nous assénerions un coup extrêmement dur à l’Europe de la démocratie et de la solidarité sociale à laquelle, chacun d’entre nous, nous continuons à croire avec passion”, explique-t-il au quotidien italien.

Estimant que l’austérité “a été appliquée avec une brutalité inouïe”, Alexis Tsipras affirme que “personne n’a souffert autant que la Grèce”. “Nous savons que d’autres aussi affrontent des difficultés et démontrent en même temps de la solidarité. D’autre part, la Grèce reste un Etat souverain qui a l’obligation, par rapport à ses citoyens et à la communauté internationale, de discuter avec tous de la stabilité économique et géopolitique.”

Interrogé sur les conséquences d’une éventuelle sortie de la Grèce de la zone euro, le Premier ministre grec estime qu’il s’agirait “du début de la fin pour la zone euro”. “Si le leadership politique européen ne peut pas gérer un problème comme celui de la Grèce, qui représente 2% de son économie, quelle sera la réaction des marchés pour des pays qui affrontent des problèmes beaucoup plus importants, comme l’Espagne ou l’Italie qui a une dette publique de deux mille milliards d’euros? “

Le Premier ministre grec rencontrera la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande mercredi à Bruxelles, en marge d’un sommet UE-Amérique Latine. “Je pense que demain, la discussion portera sur les mérites des progrès enregistrés. Nous définirons un planning pour l’accord”, a encore indiqué Alexis Tsipras au Corriere della Sera.

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