Pourquoi le sommet sur le climat à Cancun va encore décevoir

© Reuters

Pour l’économiste Christian De Perthuis, spécialiste de l’économie du climat, il ne faut pas attendre grand-chose du grand Barnum de Cancun, où la communauté internationale est réunie depuis lundi afin de ranimer les négociations sur le changement climatique.

Un an après la déception du sommet de Copenhague, la communauté internationale est de nouveau réunie depuis lundi à Cancun au Mexique pour tenter de redonner un souffle aux négociations sur le changement climatique. Trois questions à Christian De Perthuis, professeur à Université de Paris Dauphine et spécialiste de l’économie du climat.

Qu’aurait-on dû obtenir à Cancun ?

On aurait pu attendre un accord qui solidifie celui signé à l’arrache à Copenhague l’année dernière. Notamment sur la question des transferts financiers au titre de l’adaptation au changement climatique entre le Nord et le Sud. Ils ont été fixés l’an passé à 30 milliards de dollars à l’horizon 2013 puis à 100 milliards de dollars par an jusqu’à 2020. Par ailleurs, on aurait dû se mettre d’accord sur un système de monitoring pour garantir l’homogénéité des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre entre les Etats-Unis, l’Europe, la Chine et l’Inde.

Que n’obtiendra-t-on pas à Cancun ?

Il n’y aura aucun engagement ferme de la part des Etats-Unis en termes de réduction chiffrée des émissions de gaz à effet de serre. Le plan climat d’Obama n’est pas passé au Congrès et le président américain a perdu la main sur ce dossier. En conséquence, la Chine ne suivra pas non plus. Nous allons donc rester dans le flou le plus total sur le sujet de la réduction des émissions.

Aucun accord non plus sur les mécanismes financiers d’entraide entre le Nord et le Sud. Qui doit payer ? Qui doit recevoir ? Il n’y aura aucune traduction concrète des engagements de Copenhague à la fois sur les bailleurs de fonds et sur les pays émergents qui devraient profiter de ces aides.

Que peut-on raisonnablement espérer à Cancun ?

Le seul point positif que l’on peut espérer de ce sommet, c’est que les mécanismes de financements de projets dans les pays en développement mis en place au sommet de Kyoto et qui doivent théoriquement s’arrêter en 2012, soient prolongés. En contrepartie du lancement de certains projets d’infrastructures qui permettent d’économiser de l’énergie ou d’émettre moins de CO2, ces pays reçoivent des crédits carbone qu’ils peuvent valoriser sur les marchés occidentaux. Avec ce mécanisme, près de 100 milliards de dollars ont été levés depuis 2001. C’est réellement le seul point sur lequel les négociateurs de Cancun devraient s’entendre !

Béatrice Mathieu, L’Expansion.com

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content