Mauvaise passe pour la Wallonie ?

© Frederic Pauwels

Comme ailleurs en Europe, les voyants économiques passent au rouge les uns après les autres au sud du pays. Il n’avait pas besoin de cela, car les défis s’accumulent.

C’est désormais clair aujourd’hui : l’activité en Europe a fortement ralenti à partir de juillet. Actuellement, il n’est pas impossible qu’elle soit même négative. Ce repli est également constaté en Wallonie. C’est en tout cas le sentiment qu’en ont les entrepreneurs du sud du pays, sondés tous les six mois par l’Union wallonne des entreprises (UWE).

Pour ceux-ci, les perspectives d’exportation se sont réduites de plus de moitié. Idem pour les intentions d’investissement : 30 % d’entre eux ont reporté ou annulé des projets. Même constat aussi pour les intentions d’embauche : 26 % ont décidé un gel. Ces niveaux sont les plus bas depuis huit ans, excepté le choc de 2008-2009. Dans l’industrie manufacturière, les stocks sont jugés trop importants et les entreprises sont donc en train de ralentir leur production afin de les liquider.

“La plupart des constituants de la croissance sont passés au rouge”, résume Didier Paquot, le chief economist de l’UWE. Au niveau des exportations, le ralentissement en zone euro a un effet sur la Wallonie car celle-ci absorbe près de 67 % des exportations wallonnes. D’où la baisse. Au niveau de la demande intérieure, l’indice de confiance des ménages stagne en Wallonie (et chute en Belgique). La consommation ne pourra donc pas prendre le relais. Inutile, non plus, de compter sur les dépenses publiques, toutes les autorités prenant le chemin de l’austérité.

Au final, l’UWE estime que le dernier trimestre 2011 et le premier trimestre 2012 seront négatifs. Ensuite, l’activité reprendra mais mollement. Une amélioration n’est pas attendue avant octobre 2012. Sur l’ensemble de l’an prochain, la fédération patronale pronostique 0,1 % pour la zone euro, 0,2 % pour la Belgique et 0,4 % pour la Wallonie. Ces estimations sont plus basses que celles envisagées pour le futur budget fédéral (0,8 %) et pour le budget wallon (1,2 %). “Au niveau wallon, une correction devra très probablement intervenir en cours d’exercice, même si des provisions ont été faites, poursuit Didier Paquot. Or, tout nouveau tour de vis alimentera à son tour un nouveau ralentissement de l’activité.”

Tout ceci n’est pas une bonne nouvelle pour la Wallonie. Certes, celle-ci a bien résisté à la crise de 2008-2009 “mais un nouveau repli va compliquer le redressement structurel de l’économie. Il y a un risque que le chômage reparte à la hausse. En outre, il va falloir digérer la future réforme institutionnelle qui se mettra en place en 2013 ou 2014. Celle-ci responsabilisera beaucoup plus la Région sur le plan financier. L’essentiel est surtout de ne pas abandonner les politiques structurantes comme le Plan Marshall 2.Vert”.

Jean-Christophe de Wasseige

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