Levées de fonds : banques vs Etats, qui mettra l’autre KO ?

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Les Etats de la zone euro lèvent sans guère de problèmes des milliards sur les marchés, via des émissions obligataires. Outre que la nervosité remonte elle aussi dans les rangs des investisseurs, un rival de poids s’apprête à entrer dans l’arène des levées de fonds : les banques !

Les Etats de la zone euro ont repris ces jours-ci, avec succès, leurs émissions obligataires, y compris les pays dits “périphériques” comme l’Espagne, le Portugal et l’Irlande. Problème : la nervosité a elle aussi fait son retour sur les marchés, nourrie par des craintes sur les banques et l’économie !

Régulièrement sous pression depuis le printemps, Italie, Espagne et Portugal ont été accueillis par une forte demande pour leur rentrée sur le marché des obligations d’Etat. “A chaque fois qu’il y a une adjudication d’un pays périphérique de la zone euro, elle passe sans problème”, note Jean-François Robin, stratégiste obligataire de Natixis.

“Nous sommes dans un environnement porteur pour la dette souveraine en général, par rapport en particulier au marché des actions”, observe Frédéric Gabizon, responsable de la dette souveraine européenne sur les marchés primaires au sein de la banque HSBC.

De sources concordantes, plusieurs grands investisseurs institutionnels qui avaient interrompu leurs achats d’obligations sur les pays jugés les plus fragiles de la zone euro, ont pris part aux dernières émissions.

Le fait que les pays de la zone euro soient largement en avance sur leur programme d’émission, avec plus de 80 % des sommes prévues pour 2010 déjà levées, place sous un jour favorable les opérations qui auront lieu jusqu’à la fin de l’année.

“Le marché s’inquiète beaucoup moins d’un risque de défaut” d’un pays de la zone euro

Pour autant, nul ne s’avancerait à parler de stabilisation au sujet d’un marché obligataire européen qui vient de connaître les six mois les plus agités de son histoire. Un article du Wall Street Journal qui remet en cause la validité des tests de résistance menés sur les banques européennes, deux mauvais indicateurs allemands, des inquiétudes sur Anglo Irish Bank, et le marché obligataire s’est de nouveau crispé mercredi.

Malgré ces regains de tension, “le marché s’inquiète beaucoup moins d’un risque de défaut” d’un pays de la zone euro, affirme Peter Chatwell, stratégiste obligataire de Crédit Agricole CIB, pour qui “cela devrait être progressivement relégué au second plan”.

“Les choses vont-elles bien ? Je n’en sais rien, mais, bien que très volatiles, elles vont mieux par rapport à il y a plusieurs mois”, renchérit Frédéric Gabizon.

Pour autant, malgré un certain apaisement, les Etats périphériques de la zone euro resteront sans doute durablement soumis à des conditions de financement plus onéreuses qu’avant la crise grecque.

Etats et banques vont s’affronter pour se financer sur les marchés, prévient Fitch

Etats européens et banques vont s’affronter dans les prochains mois auprès des investisseurs pour lever des fonds sur les marchés, estime jeudi l’agence de notation Fitch dans une étude.

L’agence indique qu’au total, Etats et établissements financiers solliciteront 455 milliards d’euros dans la seconde moitié de l’année auprès des investisseurs, et entre 900 milliards et 1.000 milliards par an en 2011 et 2012.

Jusqu’à présent, la majorité des Etats de la zone euro ont réussi à trouver fin juin la moitié des liquidités nécessaires à leur financement cette année. La situation risque toutefois de se compliquer avec l’arrivée prochaine sur les marchés des banques, elles aussi en quête de financement et dont les dettes arrivent à maturité.

Fitch assure également que la plupart des 16 pays de la zone euro ont besoin de trois à quatre ans pour stabiliser leur dette. Toujours selon cette enquête, les plans d’austérité annoncés par pays de la zone euro pour lutter contre leurs déficits publics abyssaux n’auront pas effet avant 2011.

Si elle réaffirme que les plans d’austérité posent le risque d’une récession en double creux au sein de la zone euro, Fitch juge faible la possibilité d’une scission de l’Union monétaire. Car, explique-t-elle, les avantages pour les pays qui rejoignent la zone euro couvrent largement les inconvénients. Et les Etats dits faibles “n’abandonneront pas volontairement l’euro”.

Trends.be, avec Belga

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