Les deux bombes financières qui menacent l’Europe

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On croyait que la zone euro avait fait des progrès, mais les experts du FMI viennent une fois de plus gâcher la fête en tirant la sonnette d’alarme.

On croyait que la zone euro avait fait des progrès. La mise en place du nouveau fonds de secours devait appaiser les investisseurs, de même que les progrès réalisés par Irlande, l’Espagne et le Portugal sur le front de la compétitivité. Mais les experts du FMI viennent une fois de plus gâcher la fête en tirant la sonnette d’alarme.

Dans leur dernier rapport, ils indiquent : par rapport au printemps 2012, le risque d’instabilité financière dans le monde s’est accru. Et l’Europe en est en grande partie responsable ! En fait, les mesures de soutien mises en place sur le Vieux continent – fonds de secours, programme de rachat de titres par la BCE – n’ont fait qu’atténuer les craintes des investisseurs. Elles n’ont pas résolu les problèmes de fond. La réalité, c’est que la zone euro n’a toujours pas résolu son problème de dette et que ses banques restent exposées à des fuites de capitaux massives !

Une montagne de créances douteuses qui continue de croître

Les chiffres font froid dans le dos. L’exposition de la zone euro à la Grèce, à l’Irlande à l’Italie au Portugal et à la Grèce – c’est-à-dire les actifs de ces pays détenus par le secteur public et les banques du Vieux continent – dépasse aujourd’hui largement les 2000 milliards d’euros, soit presque l’équivalent du PIB français. Cette même exposition n’était “que” de 1600 milliards d’euros environ au printemps dernier.

Comment expliquer ce dérapage de 400 milliards d’euros, alors que les banques n’ont de cesse de réduire leur propre exposition depuis le début de la crise grecque ? Le volume d’actifs ” à risque ” a sans doute été revu à la hausse. Mais la principale explication est ailleurs. L’exposition de la zone euro au risque des pays du sud s’est largement déplacée du secteur privé vers le secteur public. Et par le jeu des prêts des bilatéraux, des prêts du FESF et des emprunts contractés auprès de la BCE, ce secteur public a accumulé des créances à un rythme inquiétant. La BCE, par exemple, possèderait aujourd’hui plus de 600 milliards d’euros de titres provenant des pays d’Europe du Sud, alors qu’elle possède un capital inférieur à 100 milliards d’euros.

Des banques soumises à une cure d’amaigrissement dangereuse

Les banques sont toujours dans une position délicate, même si elles ont réduit leur exposition aux pays du sud. Sur la période qui va du troisième trimestre 2011 au quatrième trimestre 2013, les 58 plus grandes banques de la zone euro se seront délestée de 2800 milliards de dollars d’actifs, soit 200 milliards de plus que prévu il y a six mois. Ces opérations de réduction de bilan ont pour but de sortir de leurs comptes les actifs les plus douteux – quitte à se débarrasser de l’ensemble de l’activité qui les gère. Mais également de respecter les nouvelles normes prudentielles, lesquelles impliquent un d’avoir un niveau minimal de fonds propres par rapport aux prêts accordés. Pour y arriver, certaines banques pourraient donc réduire leurs encours de crédits. Or le FMI estime que cette baisse pourrait aller jusqu’à 9% dans les pays périphériques de la zone euro.

Et il ne s’agit là que d’un scénario de base. Si l’Europe ne parvient pas à mettre en place une politique économique efficace, notamment sur la supervision bancaire, le montant d’actifs cédés atteindrait 4500 milliards de dollars (soit l’équivalent du PIB de la France et de l’Italie) et la baisse du crédit 18%. Des chiffres capables de faire paniquer les marchés et d’enfoncer un peu plus les pays du sud dans la récession. Les investisseurs ne s’y trompent d’ailleurs pas : depuis l’automne 2011, les fuites de capitaux ne cessent de s’agraver en Grèce, en Italie en Espagne et au Portugal. Ces fuites représentent déjà 15%du PIB de la zone euro. On comprend mieux l’envie de la France de mettre les bouchées doubles sur la supervision bancaire.

L’Expansion.com

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