Le salaire minimum gagne du terrain là où on ne l’attendait pas

15 dollars de l'heure, la revendication du mouvement "Fight for $15" aux Etats-Unis. © REUTERS

Aux Etats-Unis, des voix s’élèvent massivement pour réclamer une augmentation du salaire minimum. En Europe, des pays autrefois réticents à ces minima ont récemment franchi le cap.

“Fight for $15”, c’est le nouveau cri de ralliement de la classe ouvrière américaine. Les dernières semaines ont été marquées par plusieurs mouvements de grève dans quelque 300 villes du pays, réclamant une hausse du salaire minimum à 15 dollars par heure. Un combat récemment remporté dans les états de Californie et de New York, où le salaire minimum était respectivement de 10 et 9 dollars.

Le mouvement “Fight for $15” est né en 2012, à Brooklyn. A l’époque il mobilisait principalement les employés des fast-foods, dont certains expliquaient avoir besoin de recourir à des programmes sociaux fédéraux (les fameux “food stamps” américains) pour joindre les deux bouts malgré leur emploi. Principalement visé, le géant Mc Donald est encore accusé d’encourager une tendance aux bas salaires dans tout le secteur de l’alimentation.

Les revendications sont rapidement passées du niveau local au niveau national et commencent à peser dans le débat politique, surtout dans le camp démocrate.

Le sénateur du Vermont et candidat Bernie Sanders est un fervent partisan des 15 dollars de l’heure. Il est à l’origine d’un projet de loi au Congrès prônant d’instauration de ce minimum au niveau fédéral et se montrait déjà l’année passée auprès des manifestants. Hillary Clinton défend quant à elle le minimum de 12 dollars pour l’ensemble du pays d’ici 2020. Un palier inférieur, préféré par une grande partie du camp démocrate, et que la candidate souhaite allier avec des hausses plus importantes dans certaines villes où le coût de la vie est particulièrement élevé.

En Europe

Le salaire minimum est en fait loin d’être un standard universel. En Europe, plusieurs pays comme le Danemark, la Suède ou l’Italie n’y ont pas recours de manière nationale. Souvent, les minima sont négociés entre partenaires sociaux au niveau sectoriel.

En Belgique, la barre est actuellement fixée à 1.501,80 euros bruts par mois (à raison de 38H/semaine) depuis janvier 2013, ce qui place notre pays dans le peloton de tête européen, derrière le Luxembourg, l’Irlande, le Royaume-Uni et les Pays-Bas. En queue de classement, on retrouve notamment la Bulgarie, la Roumanie et la Lituanie, avec des minima allant respectivement de 184 à 300 euros bruts en 2015. Des chiffres qu’il convient de mettre en rapport avec le coût moyen de la vie dans ces pays.

Au Royaume-Uni, le salaire minimum a augmenté de 7,5% en avril dernier. Longtemps resté à la traîne en la matière, le pays a prévu de l’augmenter de 40% dans les 5 prochaines années.

L’Allemagne aussi a récemment fait un pas en avant vers le salaire minimum. Avant janvier 2015, il n’existait tout simplement pas chez nos voisins. Flexibilité et compétitivité sont en effet les maîtres-mots du fameux ” modèle allemand”. Avec notamment ce qu’on appelle les mini-jobs, des petits emplois rémunérés aux alentours de 400€ par mois et comportant d’importantes réductions fiscales tant pour l’employé que l’employeur.

L’arrivée ou l’augmentation de ce seuil dans certains pays n’a cependant pas été accueillie avec enthousiasme par tout le monde. Des économistes ainsi que les milieux conservateurs font planer les risques de perte de compétitivité et de fuite de l’emploi vers l’étranger. Mais d’autres soutiennent que cette nouvelle masse salariale permettra à terme de booster la consommation de nombreux ménages outre-Rhin. Avec des répercussions positives espérées sur les pays voisins.

Notons qu’en Europe, le salaire minimum n’a pas fait qu’augmenter partout. Il a par exemple été réduit drastiquement en Grèce, suite à la pilule d’austérité administrée par la Troïka, passant de 876 euros bruts au début 2012 à 683 euros à la fin de la même année. Depuis, il stagne à ce niveau. Malgré la volonté affichée en début de mandat par le Premier ministre Alexis Tsipras de le faire revenir au seuil d’avant-crise.

A.S.

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