Le modèle allemand vu par Guillaume Duval

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Il n’y a pas que la grosse voiture et la codétermination ! Voici en résumé, selon Guillaume Duval, rédacteur en chef du mensuel français Alternatives économiques et auteur du livre “Made in Germany – Le modèle allemand au-delà des mythes”, qui ouvre un débat qui touche la France (et aussi la Belgique) sur la tentation de suivre la voie qui a tant réussi à l’Allemagne.

1. La codétermination

Explication. Les syndicats occupent une position de force dans les entreprises et sont même présents dans les conseils d’administration des grandes sociétés. Toutes les grandes décisions doivent donc être négociées.

Transposable? Oui. Même si le contexte est différent. En Allemagne, les syndicats ne sont pas concurrents.

2. La spécialisation technique

Explication. L’Allemagne pèse 11 % des emplois européens mais 33 % des emplois dans les équipements et machines électriques. Cette position est renforcée par le poids de l’apprentissage et une considération inconnue chez nous pour les métiers techniques.

Transposable ? Difficilement, même s’il y a des tentatives pour augmenter le poids de l’apprentissage.

3. L’ordolibéralisme Explication. Il s’agit de la base théorique de l’organisation économique allemande peu connue, conçue dans l’Entre-deux-guerres, appliquée dans les années 1950. Le principe : une économie libérale, basée sur un Etat qui ne se mêle pas de la production de biens et services. Il est centré sur la mise en place de règles et leur applications.

Transposable ? En partie. C’est la base sur laquelle l’Union européenne a été construite. Cela explique que l’UE est forte pour réguler la concurrence, interdire des fusions nuisibles. Mais n’a pas le muscle pour relancer l’économie européenne.

4. Inégalités hommes-femmes Explication. Le retard plus marqué entre les hommes et les femmes se traduit par des salaires nettement inférieurs (en moyenne) que chez nous. Et favorise des tarifs plus modérés des services (restaurants, nettoyage, etc.). Les femmes sont moins présentes dans les hautes sphères des entreprises.

Transposable ? On voit mal un parti proposer une politique macho pour améliorer la compétitivité.

5. Démographie faible Explication. Avec une démographie faible, l’Allemagne voit sa population reculer. Avantage à court terme : moins de dépenses dans l’éducation, dans l’immobilier, moins de chômage, moins de frais pour les (non) parents. Inconvénient à terme : les dépenses de retraite qui devraient exploser avec le vieillissement accéléré.

Transposable ? Oui, en coupant dans les dépenses encourageant la natalité (allocations familiales, déduction fiscale,…). Plutôt politiquement incorrect.

6. Un pays d’émigration Explication. L’Allemagne n’a guère eu de colonies, mais beaucoup d’émigrants. Plus de 16 % de la population des USA a ses racines en Allemagne. Une émigration massive hier permet aux entreprises allemandes, aujourd’hui, de fournir un support local efficace. Souvent les représentants de ces entreprises sont des descendants d’immigrés qui peuvent faire un lien entre le marché et la maison mère, notamment en Amérique latine.

Transposable ? Non, c’est le genre d’aspect propre à l’histoire d’un pays.

Guillaume Duval, “Made in Germany-Le modèle allemand au-delà des mythes”, Editions du Seuil, 230 p., 13 euros

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