Ce que le prochain secrétaire au Trésor va nous apprendre sur les projets de Trump

© Reuters

Ex-banquier, élu du Congrès ou ancien capitaine d’industrie: le profil de celui que Donald Trump choisira pour diriger le Trésor américain va envoyer un message-clé sur les projets économiques de son administration.

S’il appose sa signature sur le billet vert, le secrétaire au Trésor est aussi un pilier de la règlementation financière, garant de la principale monnaie de réserve mondiale, architecte des relations économiques avec la Chine et meneur de la lutte contre le financement du terrorisme.

De multiples noms circulent pour remplacer Jack Lew, le ministre des Finances de Barack Obama depuis 2013, mais deux semblent se détacher.

Il s’agit de l’ex-banquier de Goldman Sachs, Steven Mnuchin, 53 ans, et de l’élu conservateur du Congrès Jeb Hensarling, 59 ans. Le patron de JPMorgan, Jamie Dimon, 60 ans, et l’investisseur du fonds spécialisé dans l’immobilier Blackstone, Jonathan Gray, 46 ans, auraient été approchés sans succès par l’équipe de transition de Donald Trump.

L’industriel Daniel DiMicco, 66 ans, ancien patron de Nucor Steel et champion de l'”American Made”, cité également, pourrait plutôt s’orienter vers le commerce extérieur.

“Ces noms (…) représentent un éventail de compétences qui reflètent la profondeur et l’étendue du champ d’action du Trésor de nos jours”, assure un ancien secrétaire adjoint au Trésor de l’administration de George W. Bush, Robert Kimmitt.

Gestion de crise

Car les projets du président élu pour l’économie sont vastes. Il a présagé une réforme de la loi de règlementation financière Dodd Frank et fait campagne en faveur de réductions d’impôts massives pour les sociétés, tout en promettant une remise à niveau des infrastructures et le retour aux Etats-Unis des emplois délocalisés.

Le Trésor est aussi au centre de la lutte contre le financement du terrorisme et de l’application des sanctions à l’encontre de l’Iran et de la Corée du Nord notamment. Enfin, il mène un dialogue économique régulier avec la Chine envers laquelle Donald Trump a promis un ton plus ferme.

“Est-ce que cela va continuer ?”, s’interrogeait sur CNBC Robert Kimmitt à propos de ce dialogue, alors qu’à peine deux mois après l’installation du président, le Trésor devra soumettre au Congrès son traditionnel rapport sur les devises étrangères qui cible particulièrement la Chine.

Pékin pourrait être officiellement accusé de manipuler sa monnaie, ce à quoi il a échappé ces dernières années.

Pour David Wessel, expert économique à la Brookings Institution, après la catastrophe financière de 2008, il sera primordial que le prochain secrétaire au Trésor “ait la capacité de gérer une crise financière qu’elle soit causée par une déroute bancaire ou par une attaque terroriste aux implications financières”.

Ce qu’il faut éviter avant tout, c’est de choisir “quelqu’un qui va apprendre sur le tas”, ajoute cet expert pour l’AFP.

Réfréner les impulsions de Trump

Compte tenu de la personnalité imprévisible du nouveau président, le candidat idéal devra aussi faire preuve de diplomatie et d’autorité.

“Il aura un rôle important à jouer pour réfréner les impulsions de Donald Trump tout en sachant interpréter ce que le président élu veut transmettre au reste du monde”, estime M. Wessel. “On a pu voir que les déclarations” du futur hôte de la Maison Blanche “peuvent créer la confusion, ce qui peut avoir des effets négatifs sur la confiance dans l’économie et provoquer une regrettable volatilité financière”, poursuit-il.

Dans l’idéal, il faut donc à ce poste une personnalité “qui puisse influencer Donald Trump tout parlant pour lui avec confiance”, conclut cet expert.

Autre compétence clé: les relations avec le Congrès. Ce trait pourrait servir le représentant du Texas à la Chambre, Jeb Hensarling, président de l’influente Commission des services financiers, alors que les projets de réductions d’impôts vont creuser le déficit et faire gonfler la dette.

Il sera difficile au candidat choisi “de cocher toutes les cases”, celles à la fois d’un spécialiste de Wall Street et d’un négociateur avec le Congrès ou surtout avec le président lui-même, avertit David Wessel.

Parmi les favoris, Steven Mnuchin, l’ancien “Goldman Boy”, ne manquera pas de soulever les critiques s’il est sélectionné, souligne M. Wessel: “cela va apparaître paradoxal si Donald Trump, qui a fait campagne contre l’establishment, choisit un secrétaire au Trésor issu de la crème de Wall Street”.

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