Qui est Christopher Wylie, le lanceur d’alerte dans l’affaire qui ébranle Facebook ?

Christopher Wylie © REUTERS

Christopher Wylie, geek canadien de 28 ans, est sorti du jour au lendemain de l’anonymat. Il est le lanceur d’alerte dans le détournement illégal des données de plus de 50 millions d’utilisateurs qui ébranle actuellement le géant Facebook.

Cheveux teints en rose coupés ras, barbe naissante, lunettes à monture écaillée épaisse, petit anneau dans le nez, grosses baskets et chemise militaire … Voilà le style original de Christopher Wylie, le lanceur d’alerte dans l’affaire Cambridge Analytica. Ce jeune geek canadien au faux air de Justin Timberlake a fourni au journal The Observer les documents attestant du “détournement” (hijacking en anglais) de millions de profils Facebook dans le but de pouvoir identifier les préférences des électeurs américains et influencer leur comportement. Wylie est derrière la stratégie qui a permis à la société Cambridge Analytica de s’emparer de cette masse considérable de données sur Facebook.

Le Guardian s’est intéressé à son profil et parcours. Le quotidien anglais dresse ainsi le portrait d’un jeune analyste de talent. Pendant son adolescence, dans la province de Colombie-Britannique, sur la côte ouest du Canada, “Christopher Wylie a été diagnostiqué avec un trouble du déficit de l’attention (TDAH)”, rapporte The Guardian. Il a “quitté l’école à 16 ans sans aucun diplôme“. Ce qui ne l’a pas empêché, à 17 ans, de commencer à travailler comme stagiaire “pour le bureau du chef de l’opposition au Parlement canadien [qui appartenait à l’époque au parti libéral]”.

A 18 ans, il rencontre l’un des responsables de la campagne électorale d’Obama en charge du ciblage des électeurs et “le présente au Parti libéral du Canada”, poursuit le Guardian. En parallèle, il apprend en autodidacte le codage. A 20 ans, en 2010, il rentre à la London School of Economics”, une école de droit prestigieuse.

Proche de Bannon

En 2013, relaie Le Courrier International, après avoir décroché son diplôme, il se lance dans “une thèse sur la prévision de tendances dans le domaine de la mode et commence à s’intéresser aux libéraux-démocrates anglais“. Il propose alors au Libdem, le parti centriste britannique, une stratégie pour recruter de nouveaux électeurs, mais le parti ne s’intéresse pas à sa proposition. C’est toutefois par le biais du Libdem que Christopher Wylie fait la connaissance du Strategic Communication Laboratories Group (SCL) – la maison mère qui donnera naissance à la société Cambridge Analytica, maîtresse dans le “profilage d’électeurs”.

Il rencontre également Steve Bannon. Car l’ex-directeur du site américain ultra-conservateur Breitbart News et ex-conseiller stratégique de Donald Trump n’est rien d’autre que l’ancien vice-président de Cambridge Analytica. Bannon est également proche de Robert Mercer, influent milliardaire républicain de 71 ans ayant fait fortune dans les fonds d’investissements. Il a investi dans Cambridge Analytica à hauteur de 15 millions d’euros et sa fille Rebekah serait membre de son conseil d’administration, selon The Daily Beast.

Wylie raconte à l’hebdomadaire The Observer, à l’origine du scoop avec le New York Times, comment de fil en aiguille il a eu l’idée de lier étude de personnalité et vote politique. Il explique sa rencontre avec Alexander Nix, PDG maintenant suspendu de Cambridge Analytica, qui lui a proposé un poste au sein de sa société tout en lui laissant totale carte blanche sur ses projets de “profiling”. On connait la suite : impliquée dans la campagne victorieuse de Donald Trump, en 2016 aux États-Unis, mais aussi dans la campagne pour le “oui” au Brexit, Cambridge Analytica a utilisé les données siphonnées de 50 millions d’utilisateurs Facebook dans le but de pouvoir identifier les préférences des électeurs américains et influencer leur comportement.

“L’arme de guerre psychologique de Steve Bannon”

Christopher Wylie se décrit aujourd’hui comme “le gay canadien et vegan qui a fabriqué l’arme de guerre psychologique de Steve Bannon” peut-on aussi lire dans l’article du Guardian. Wylie a estimé, sur la télévision canadienne CBC, que les méthodes de CA étaient “problématiques” car basées sur des “données privées acquises sans consentement”. Dans une interview vidéo accordée à CNN, il fait son mea culpa et dit regretter fortement avoir agi de la sorte au sein de Cambridge Analytica.

En entrevue à CBC, mercredi soir, Wylie a dit vouloir témoigner aux États-Unis et au Royaume-Uni à propos des menaces que représentent les médias sociaux sur les institutions démocratiques et les élections, selon ICI.radio.Canada.

Le lanceur d’alerte émet également la volonté de rencontrer les représentants de Facebook qui, selon ses dires, ont tenté de noyer les articles de l’ Observeret du New York Times, premiers médias à avoir exposer le scandale.

Wylie risque gros aujourd’hui pour avoir divulgué au grand public ces informations très sensibles. Il a été banni du réseau social, au même titre que le chercheur Aleksander Kogan parce qu'”ils avaient transmis des données à une tierce partie – Cambridge Analytica – et que, selon des informations reçues par Facebook, toutes ces données n’avaient pas été éliminées” explique un communiqué envoyé par le réseau social vendredi dernier. Par ailleurs, il perd aussi sans conteste la confiance de Steve Bannon et de Robert Mercer dans la foulée.

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Dans ce long entretien vidéo publié sur le site du Guardian, Wylie détaille son rôle dans la création de Cambridge Analytica et dans la stratégie mise en oeuvre par la société.

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Dans cette vidéo du Monde, le jeune geek balance à coeur ouvert sur le CEO déchu de Cambridge Analytica, qui “très agréable” au début avec ses collaborateurs devenait ensuite “violent” et faisait subir des intimidations à son équipe. Il évoque aussi le fait troublant d’avoir travaillé pour “une sorte de candidat psychopathe” et dit “ne pas vouloir être en croisade contre Facebook”.

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