Donald Trump ou l’art du deal… perdant !

Dix-sept mois après son entrée à la Maison Blanche, Donald Trump se présente toujours sous la casquette d’un brillant homme d’affaires. Il y a moins d’un mois encore, il a lui-même rappelé que ce qu’il savait faire, c’était conclure des deals. N’a-t-il pas rédigé (ou fait rédiger) un livre intitulé L’art du deal ?

Son électorat le croit bien volontiers car ses électeurs partent du principe que si Donald Trump a pu survivre et réussir dans la jungle de l’immobilier à New York, c’est qu’il est, forcément, un grand homme d’affaires…

Le prestigieux New York Times n’en croit pas un mot. L’un de ses journalistes s’est amusé à recenser les faits d’armes de Donald Trump en 17 mois. Le résultat ? Plutôt maigrichon. La preuve ? Donald Trump n’a pas conclu de deal sur l’immigration. Pas de deal sur les soins de santé. Pas de deal sur le contrôle des armes. Pas de deal pour diminuer les dépenses publiques. Pas de deal sur le commerce avec la Chine. Pas de deal de paix au Moyen-Orient. Pas de deal sur les importations d’acier et d’aluminium. Pas de deal sur le blocus du Qatar. Pas de deal en Syrie. Pas de deal avec la Russie. Pas de deal en Iran. Pas de deal sur le changement climatique. Bref, à l’exception de la réforme fiscale, le bilan de faiseur de deals est inexistant pour Donald Trump. Reste à voir si son électorat va s’en rendre compte ou pas.

Donald Trump ne veut pas être à l’origine d’un krach boursier, surtout qu’il passe son temps à expliquer que si la Bourse américaine se porte aussi bien, c’est grâce à lui !

Prenons le cas d’Harley-Davidson. Voici une entreprise emblématique que Donald Trump a visité devant des hordes de journalistes et de caméras lorsqu’il était candidat. La plupart des ouvriers de Harley-Davidson ont voté pour lui et pour son discours de ré-industrialisation des Etats-Unis. Mais aujourd’hui que le candidat est devenu président, ces mêmes ouvriers se rendent compte qu’avec les droits de douane sur l’acier et l’aluminium de pays partenaires, ils risquent de perdre leur job. D’ailleurs, la direction a annoncé qu’elle ne voulait pas prendre le risque de perdre ses clients européens. Résultat : pour contourner les taxes douanières de Donald Trump, les motos Harley-Davidson vendues en Europe seront désormais fabriquées dans ses usines asiatiques et non plus dans le Wisconsin ! Donald Trump a beau traiter de traîtresse la direction d’Harley-Davidson, voire même de menacer l’entreprise d’un déluge de taxes, rien n’y fait : la décision de délocaliser la fabrication est prise.

Mais ce n’est pas tout : en voulant interdire les transferts de technologie entre les Etats-Unis et la Chine, Donald Trump a fait vaciller le Nasdaq, la Bourse des valeurs technologiques. Les pontes de la Silicon Valley et les banquiers de Wall Street n’ont pas apprécié. Mais alors, pas du tout ! Et ils l’ont fait comprendre à la Maison Blanche. Son locataire, le fameux faiseur de deals a dû s’incliner. Motif ? Donald Trump ne veut pas être à l’origine d’un krach boursier, surtout qu’il passe son temps à expliquer que si la Bourse américaine se porte aussi bien, c’est grâce à lui ! En résumé, Donald Trump, ce n’est pas l’art du deal, mais l’art du fumigène.

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