Que deviendront les panneaux photovoltaïques ?

Faire du secteur photovoltaïque un secteur doublement vert. Voilà la mission que se sont fixée des organisations comme PV Cycle ou, plus récemment, Ceres. Leur travail ? Préparer l’organisation de la collecte et du recyclage des panneaux photovoltaïques une fois qu’ils seront arrivés en fin de vie.

La technologie photovoltaïque a beau être relativement récente, et les panneaux ont beau afficher une durée de vie relativement longue, il n’en reste pas moins que les industriels vont être de plus en plus confrontés au recyclage de leurs composants. Un geste d’autant plus salutaire que les matières premières nécessaires à leur fabrication sont devenues extrêmement rares et chères. Actuellement, le kilo d’aluminium se négocie à 2,45 dollars (1,75 euro) et le kilo de cuivre 9,5 dollars (6,75 euros). Quant au nickel qui est utilisé notamment par ArcelorMittal dans ses nouvelles générations de panneaux à couche mince, il s’arrache à plus de 23 dollars (16,3 euros) le kilo ! Sans parler du silicium, de l’indium ou encore du tellurium, qui sont à la fois rares et très sollicités par de nombreuses autres filières (IT, énergie, etc.) et qui ont été jusqu’ici très peu recyclés… En effet, selon un récent rapport du Programme des Nations unies pour le développement, moins d’1 % de l’indium et du tellurium présents dans les équipements hors d’usage sont actuellement récupérés en vue d’être recyclés…

Premières initiatives
Fort heureusement, cette situation ne va pas durer. Certains industriels commencent à prendre leurs responsabilités et mettent en place les premières filières qui permettront d’assurer la valorisation des panneaux usagés. Sur ce plan, la Belgique peut s’enorgueillir d’avoir accueilli PV Cycle, une des premières structures à avoir fixé le modèle qui permettra d’assurer la collecte, le transport et le recyclage des premiers panneaux photovoltaïques. Sur le modèle introduit par FostPlus pour la gestion des déchets d’emballages ménagers ou par Valipac pour les déchets d’emballages industriels, PV Cycle est entrée sur ce “marché” en progression constante depuis 2007 avec l’objectif bien précis d’arriver à temps pour assurer le recyclage des premières générations de panneaux solaires installées parfois il y a plus de 20 ans.

Et c’est à Rochefort que PV Cycle a pu faire son baptême du feu avec son tout premier chantier de démantèlement pour le compte du domaine provincial de Chevetogne. Depuis, d’autres démantèlements ont eu lieu autant chez des propriétaires privés que chez les premiers exploitants de centrales solaires. Les perspectives d’avenir sont plutôt enthousiasmantes pour PV Cycle car, aux installations des pionniers du photovoltaïque se sont ajoutées depuis des surfaces plus vastes et plus impressionnantes. En Belgique, on pense à l’installation photovoltaïque mise en service en 2009 sur le bâtiment Galaxia à Redu, sur le site de l’Euro Space Center, avec une puissance moyenne de 300 kWc (Ndlr : kilowatt-crête, puissance électrique pouvant être fournie dans des conditions standard), déployée sur une surface totale de 4.000 m². Dans la même veine, l’installation réalisée par Sunswitch sur le toit des bâtiments de Pfizer à Louvain-la-Neuve s’étend sur 2400 m² et déploie une puissance de 204,83 kWc.

En Belgique mais aussi dans le reste de l’Europe, les exemples sont innombrables. Ce qui laisse en théorie de la place à d’autres acteurs qui souhaiteraient eux aussi organiser la fin de vie de ces équipements particuliers.

Emploi et proximité
Ceres figure parmi ces nouvelles organisations qui entendent suivre la voie de PV Cycle pour assurer la gestion de ce qui deviendra bien vite _”à l’horizon 2020″, estime Nicolas Defrenne, secrétaire de Ceres_, une montagne de déchets. Avec, ici, un accent particulier qui a été d’emblée placé sur l’emploi. “Un des fers de lance de Ceres, c’est de défendre la création d’emplois, explique Nicolas Defrenne. Nous pensons qu’un MW recyclé peut contribuer à créer un emploi direct et un emploi indirect.” Ce n’est pas là la seule dimension intéressante du projet : afin de construire un ensemble qui tienne la route sur le plan du développement durable, Ceres s’attachera à travailler avec des unités de recyclage qui seront autant que possible ancrées dans la zone géographique où auront été collectés les panneaux photovoltaïques usagés. “Cela n’aurait aucun sens d’amener les panneaux collectés en France, en Belgique ou en Italie vers l’Asie pour les recycler dans une grosse usine de recyclage Il faut tenir compte de la balance globale CO2 et à ce titre, le transport est une donnée dont il faut tenir compte en priorité”, conclut Nicolas Defrenne. Ceres a été lancée à l’initiative de Jean-Pierre Palier, un Français qui s’est illustré dans le photovoltaïque en créant une société qui a réussi à faire 100 millions de dollars de chiffre d’affaires en trois ans avec une activité commerciale lancée en 2006 et répartie sur la France et sur la Chine…

Un processus délicat
Du côté du recyclage, il y aura fort à faire. D’abord parce que dans le but de diversifier leurs sources d’approvisionnement, les constructeurs de panneaux ont diversifié les composants de base et ont multiplié les alternatives au silicium. Ensuite parce que le recyclage d’un panneau nécessite l’application d’un traitement thermique forcément énergivore, qui permettra de séparer ce qui doit être récupéré (cuivre, aluminium, argent, etc.) de ce qui ne doit pas l’être (joints en silicone, gaines de câble, boîtiers de connexion, etc.) Dans les cas les plus complexes, les traitements à appliquer seront différents pour une même technologie. C’est le cas des modules photovoltaïques à couches minces où les différentes sous-catégories nécessiteront l’application d’un traitement particulier, donc plus complexe à mettre en oeuvre. Ce sera le cas notamment avec les panneaux composés d’un mélange cadmium-tellurium (CdTe) ou avec les panneaux à couches minces associant cuivre-indium-sélénium (CIS).

Il semble évident que cette prise en charge du processus de recyclage ne dispensera pas les fabricants d’oeuvrer à un design plus écologique des panneaux, afin de rendre plus simple et plus sûr le démantèlement des panneaux une fois qu’ils seront arrivés en fin de vie. Une préoccupation qui est déjà celle de certains fabricants comme l’américain Sunpower, très attentif à l’optimisation du cycle de vie de ses panneaux.

Johan Debière
http://www.pvcycle.org

http://www.ceres-recycle.org



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