L’immobilier parisien de luxe dopé par l’afflux de clients fuyant le conflit syrien

© Reuters

Le marché des logements de luxe a redémarré à Paris, en partie grâce à l’afflux d’acheteurs provenant du Moyen-Orient fuyant l’insécurité liée au conflit en Syrie, selon les professionnels.

Un hôtel particulier de 2.600 mètres carrés datant de la fin du XIXe siècle, situé dans l’ouest de la capitale, a été vendu pour 44 millions d’euros à une famille princière du Golfe, a annoncé la société Daniel Féau. Une telle transaction, toujours rare, atteste d’un net rebond du marché des biens d’exception depuis l’été. Outre la baisse des prix, ce rebond est dû à “l’arrivée d’acquéreurs provenant du Moyen-Orient et du Proche-Orient, qui fuient l’insécurité grandissante de la région liée à la Syrie”, constate Daniel Féau. “Beaucoup, en particulier des Libanais, sont très inquiets de l’évolution de la situation syrienne, et ils suivent la famille, les amis qui se sont exilés à Paris, où il y a déjà une communauté libanaise importante”, renchérit Charles Marie Jottras, président de Daniel Féau.

Certains riches Syriens se sont réfugiés en France plus tôt, selon les professionnels. “Paris, comme Londres, a une tradition d’accueil de la clientèle moyen-orientale: dans les royaumes pétroliers, les grands-parents avaient un hôtel particulier sur l’avenue Foch… les petits-enfants sont plutôt allés étudier aux Etats-Unis, mais cette troisième génération revient”, note M. Jottras.

“Cette semaine, nous signons avec beaucoup de Libanais”, indique Nathalie Garcin, qui codirige cette société familiale. “Ce sont des familles inquiètes, qui souhaitent ne pas tout laisser dans leur pays, et investissent aussi à Londres”. “C’est assez tabou, ils n’en parlent pas vraiment, mais leur inquiétude est palpable”, dit-elle. “Nous avons aussi beaucoup d’acquéreurs du Qatar”. Ce regain des transactions, concernant les biens de luxe (à partir d’un million d’euros) ou d’exception, est aussi lié à une baisse des prix, de l’ordre de 8% en un an sur ce marché de niche, qui représente 5% des transactions parisiennes, estime Féau.

Selon la société Emile Garcin, elle aussi spécialiste des biens de luxe, le recul atteint 15% en un an et demi, et les prix se sont stabilisés aujourd’hui. Le reste de la clientèle internationale, qui s’était clairsemée depuis l’été 2012, revient sur le marché des belles résidences parisiennes, notamment les Américains, traditionnels amoureux de Paris, affirme de son côté M. Jottras.

Les acquéreurs en provenance de Russie, qui se montrent inquiets de l’évolution politique de leur pays, “semblent rechercher une certaine sécurité pour une part de leur patrimoine”, selon lui, et sont aussi bien présents, tout comme les Chinois.

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