Bureaux : la Région bruxelloise tance le voisin flamand

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Le ministre-président bruxellois Charles Picqué et le président de la SDRB Luc Willame dénoncent de concert les projets immobiliers “problématiques et démesurés” nourris en périphérie bruxelloise par la Région flamande.

“Le taux de vacance dans le stock de bureaux recensé dans la zone Aéroport (Zaventem- Machelen) s’élève à 31,6 % (349.317 m2) – plus du double de celui constaté dans les deux quartiers bruxellois limitrophes (15,2 % ou 200.000 m2). Mais si les projets prévus à moyen terme seront réduits (13.538 m2) dans les quartiers de la deuxième couronne bruxelloise concernée (Nord-Est et Est), ils s’annoncent démesurés dans la zone de l’aéroport : nous y avons comptabilisé plus d’un million de mètres carrés en voie de commercialisation ou annoncés”, relève Luc Willame, le président de la SDRB (Société pour le développement de la Région de Bruxelles-Capitale), qui, avec Charles Picqué, son ministre-président de tutelle, part en croisade contre les plans démesurés du voisin et concurrent flamand.

Pour poser ce constat, le patron de la SDRB s’appuie sur les récentes données croisées collectées par les responsables de la direction de la planification de l’AATL (Administration de l’aménagement du territoire et du logement) et le service Inventimmo de la SDRB. Ces derniers ont, pour la troisième année consécutive, associé leurs compétences et outils afin d’éditer une image statistique chiffrée du parc immo- bilier de bureaux en Région bruxelloise et en périphérie (Zaventem et Machelen) (*).

Un autre détail d’importance pointé par les auteurs de l’étude, qui sort de presse à point nommé cette semaine, quelques jours avant l’ouverture du Marché international des professionnels de l’immobilier (Mipim, à Cannes) : tous ces projets flamands taxés de “problématiques et déséquilibrés” sont cadrés par un plan régional très volontariste, le Start-plan (Strategisch Actieplan voor Reconversie en Tewerkstelling), qui souhaite clairement développer autour de l’aéroport un nouveau pôle économique visant à doubler le stock de bureaux dans cette zone.

Périphérie Est – projets annoncésZaventem – Machelen Annoncé à termePegasus Park200.000 m²Uplace Machelen176.000 m²Brussels Business Village163.000 m²Lozenberg III139.000 m²Bridgeview Park120.000 m² 93.477 m²

“Ce constat étonnant laisse perplexe face à l’importante vacance qui persiste dans cette zone depuis des années. Si l’autorégulation du marché y reste déficiente, un renforcement de la concurrence dans les prix locatifs mais aussi une chute de la valeur immobilière ne sont pas à exclure dans cette partie du marché”, préviennent les responsables bruxellois.

Effets de la crise : des chiffres plutôt rassurants… pour l’instant

Plus globalement, le dernier baromètre de l’Observatoire des bureaux évalue et tempère les premiers effets de la crise économique sur le marché immobilier bruxellois. Selon les analystes, l’augmentation du taux de vacance en 2009 resterait légère par rapport à l’année précédente (+ 0,9 % en Région de Bruxelles-Capitale), malgré une forte diminution des prises en occupation (- 21 %).

Nonobstant l’ajout de quelque 195.000 m2 de nouveaux bureaux au stock existant et une plus faible prise en occupation, il n’y a que 124.000 m2 de vacance commerciale supplémentaire. Cette autorégulation devrait d’ailleurs être préservée, sauf nouvelle crise économique, vu le peu de superficies nouvelles à commercialiser. A plus long terme néanmoins, l’étude pointe quelque 540.000 m2 de nouveaux bureaux programmés en différents endroits (quartiers Européen, Nord et du Midi) de la capitale.

Ce bilan en demi-teinte donne des arguments à Charles Picqué et à son équipe pour orienter – cadenasser ou cadrer davantage – la politique régionale en matière de développements de nouveaux projets immobiliers, en marge du nouveau PRDD (Plan régional de développement durable) lancé en décembre 2009.

“Les résultats de cette étude concernant Zaventem et Machelen démontrent qu’il est grand temps pour Bruxelles de penser à son développement en tenant compte de la périphérie. Ses conclusions devraient permettre à l’ensemble des acteurs urbains d’anticiper les options à préconiser pour le développement des zones stratégiques centrales et périphériques et d’orienter les développements à planifier à l’échelle régionale tant pour la restructuration des zones administratives existantes que pour le développement des réserves foncières”, annonce le ministre-président, en écho à ceux qui, voici peu, s’opposaient sur l’éventualité d’un moratoire en matière de développements de nouveaux bureaux.

Philippe Coulée

(*) Observatoire des bureaux n°25 : Vacance 2009 à Bruxelles et en périphérie.

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