Les 5 règles d’or pour investir dans une start-up

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Dénicher et investir dans une jeune entreprise peut rapporter gros en cas de revente. Mais avant d’entrer au capital de la première start-up venue, mieux vaut avoir en tête les conseils que vous prodiguent quelques investisseurs professionnels.

Vu les rendements proposés par les grandes banques (0,2 % à peine) sur les livrets, les épargnants cherchent de plus en plus d’alternatives : l’or, l’art, les voitures de collection, etc. Depuis peu, grâce au nouveau plan tax shelter initié par le vice-Premier Alexander De Croo (Open Vld), les start-up deviennent également plus attrayantes. Néanmoins, malgré les avantages fiscaux proposés pour les business angels, investir dans une start-up reste un investissement très risqué. “Nous savons que la moitié des start-up dans lesquelles nous entrons feront faillite”, admet Frank Maene, responsable de Volta Venture, le plus gros fonds belge dans l’univers des start-up technologiques (il dispose de 55 millions d’euros à investir !). Voici cinq bons conseils pour tous ceux qui veulent jouer les business angels.

1. Investir dans ce que vous connaissez/aimez

Même si des tas de nouveaux business et de nombreuses idées novatrices peuvent se révéler attirantes, “mieux vaut investir dans ce que l’on connaît”, conseille Frank Maene. “Pas la peine de se lancer dans des secteurs éloignés de ses compétences, explique-t-il. A priori, un boucher ne va pas investir dans une start-up d’e-commerce ou dans la fabrication de drones.” Pour l’expert, comprendre et maîtriser l’univers des start-up sur lesquelles on parie est essentiel. Cela permet d’aborder la start-up de manière rationnelle et raisonnée. “On voit souvent des business angels qui investissent parce que le fondateur a un bon pitch, est sympa ou bon vendeur, avance Frank Maene. Mais c’est évidemment une erreur : il faut avant tout analyser la start-up de manière objective.” Examiner le business plan de départ : quelles sont les problèmes et les opportunités du marché ? Pourquoi le produit de la start-up est meilleur que celui des concurrents ? De quelle manière la jeune pousse compte conquérir le marché, prévoit-elle des ventes online ou offline, directes ou indirectes ?

2. Choisir une équipe autant qu’un projet

Reste que le projet n’est pas tout. “Il convient surtout de connaître et de se fier aux compétences de l’équipe, soutient Frank Maene. Celle-ci doit être en mesure de mener à bien l’exécution de l’idée. Car, au moment de l’amorçage de la start-up, tout est très hypothétique, sauf l’équipe. Cette dernière doit être bien balancée, pas uniquement commerciale ni uniquement technique.” Un conseil que met également en évidence Gaëtan Servais, directeur général de Meusinvest. “C’est encore plus important que l’originalité d’un projet ou que son côté novateur car les dirigeants de start-up sont comme des couteaux suisses, avance- t-il. Ils doivent pouvoir changer de métier en cours de route et d’angle de vue. Il faut s’assurer qu’ils puissent s’adapter. L’essentiel est qu’ils soient en mesure de mener à bien un projet, même si à l’arrivée, il est totalement différent de celui dans lequel vous avez pu investir.” Mais, pour José Zurstrassen, executive chairman de MyMicroInvest, il ne faut toutefois pas tomber dans l’illusion selon laquelle tout va aller si l’équipe est bonne. “Pour moi, souligne-t-il, l’élément central n’est pas l’équipe : il faut le bon timing. Une bonne équipe qui propose un produit trop tôt ou trop tard sur le marché n’y arrivera pas.”

3. Ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier

“Les business angels ont souvent eu du succès dans le passé et veulent investir une partie de leur fortune dans de jeunes entreprises prometteuses, analyse Frank Maene. Du coup, ils investissent dans une, deux ou trois start-up en étant convaincus que tout va fonctionner. Mais au moins 50 % des start-up feront faillite. Certains peuvent être tentés de plutôt miser sur une seule start-up qu’ils pensent prometteuse. Mais on ne peut évidemment pas conseiller de tout investir dans une seule start-up : c’est trop risqué.” S’ils peuvent se le permettre, les business angles doivent diversifier, suggère Gaëtan Servais de Meusinvest. “Mettre des montants plus limités mais investir dans davantage de start-up. Cela permet, comme avec tout portefeuille d’investissement, de lisser les risques”. José Zurstrassen va même plus loin : “Il faut accepter une grande diversification et avoir au moins plus de 10 lignes d’investissement. L’idée est que les gains réalisés sur une start-up compensent les pertes des autres”.

Et en termes de montants à injecter ? Pas de règle. Cela dépend, naturellement, des capacités de l’investisseur, de son goût pour le risque et de chaque projet. Il faut avoir en tête qu’investir dans une jeune pousse early stage nécessite moins de moyens, mais s’avère plus risqué que de mettre son argent au capital d’une start-up qui en est à son deuxième ou troisième tour. “Dans tous les cas, il faut tenir compte du burn rate (la rapidité avec laquelle la société ‘brûle son cash’, Ndlr) insiste Frank Maene. Si une firme dépense 10.000 euros par mois, lui donner 20.000 euros ne lui laisse pas assez de temps.” Il faut idéalement lui apporter l’argent pour qu’elle puisse tenir 12 à 18 mois.

4. S’assurer des règles entre actionnaires

Outre les statuts de la start-up, il est essentiel d’établir un pacte d’actionnaire, suggère Frank Maene. “Car entrer dans une société est bien, mais il faut penser à ce qui se passera après. Quelles sont les procédures de sortie, totales ou individuelles ? Si 80 % des actionnaires décident de vendre, les 20 % restant peuvent-ils refuser ou doivent-ils suivre ? Si l’entreprise est vendue pour moins que le montant investi par les actionnaires, prévoit-on que le fruit de la vente ne va qu’aux actionnaires ?” Autant de questions qui doivent être réglées à l’avance.

De plus, si plusieurs investisseurs entrent dans le capital d’une start-up, il est préférable de décider que l’un prenne le lead afin d’éviter que cela parte dans tous les sens. Souvent, celui qui prend la position de leader est celui qui a investi le plus ou qui est le plus compétent dans ce domaine d’activité. Les fondateurs doivent maintenir leur attention sur le développement de l’entreprise et ne pas se perdre dans d’interminables discussions avec les actionnaires. “En plus, je demande toujours une place dans le conseil”, témoigne Frank Maene. L’un des pièges, c’est que l’actionnaire se montre omniprésent et empêche les dirigeants d’avancer dans le projet. “Mais inversement, il ne doit pas s’éloigner trop longtemps sans donner de nouvelles car les choses bougent très vite pour les start-up.”

5. Profiter du “tax shelter”

Depuis le 1er juillet, si vous investissez 10.000 euros dans une jeune entreprise belge de maximum quatre ans dont vous n’êtes ni fondateur ni dirigeant, vous bénéficierez d’une réduction de l’impôt des personnes physiques : 45 % du montant investi pour les micro-entreprises et 30 % pour les PME. Avec des limites toutefois : un investissement annuel de maximum 100.000 euros et chaque investissement ne peut représenter qu’au maximum 30 % de l’entreprise. Certaines conditions également : vous devez conserver vos parts pendant quatre ans, sous peine de devoir rembourser au fisc un montant calculé au prorata du nombre de mois entre votre sortie et le délai de quatre ans. L’avantage est accordé aussi bien pour les investissements directs que pour ceux réalisés via un fonds starter ou une plateforme de crowdfunding. Les prêts accordés à une PME via du crowdfunding bénéficient, eux, d’une exonération du précompte mobilier sur les intérêts (pour un prêt de maximum 15.000 euros). Tous les détails de ce plan sont disponibles sur www.digitalbelgium.be/fr#news-125.

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