“Les objets connectés ont vocation à atteindre une pénétration de… 100%”

© AFP

Présent au CES de Las Vegas pour défendre la scale-up Netatmo (250 personnes) qu’il a fondée, l’entrepreneur français Fred Potter nous a accordé une interview express.

Dans l’univers français de la tech, le spécialiste hexagonal des objets connectés, Netatmo constitue l’une des success stroy que l’écosystème aime mettre en avant. Il faut dire que depuis son lancement en 2011 par Fred Potter, serial entrepreneur français (il avait notamment fondé Whithing, revendue à Nokia), la jeune pousse a fait un sacré bout de chemin. Avec 45 millions d’euros de chiffre d’affaires et quelque 225 personnes, elle impose ses produits partout dans le monde : la France ne représenterait, d’ailleurs, que 25% de son activité. De quoi séduire, en fin d’année 2018, le géant français Legrand qui s’est offret Netatmo pour un montant non dévoilé. A l’occasion du CES où Netatmo avait reconstitué une maison connectée dans l’une des suites de l’hôtel Venitian, nous avons rencontré Fred Potter pour une interview express.

© Fred Potter

Le marché des objets connecté est en grand boum. Comment cela va-t-il évoluer ?

Ce marché connait une croissance de l’ordre de 30 ou 40% par an. Il se porte donc très bien et c’est une tendance de fond parce qu’il n’y a plus aucun avantage à avoir des objets non-connectés. Donc on a vocation à avoir 100% de pénétration. Aujourd’hui en Europe, moins de 10% des logements ont un objet connecté, mais ce chiffre va augmenter. Et le nombre d’objets par logement va, lui aussi, augmenter.

Pourquoi avoir vendu Netatmo à ce moment-ci alors ? N’aurait-il pas mieux valu attendre encore un peu pour que la firme valle encore plus ?

On a été séduit par le projet industriel de notre acquéreur, le groupe Legrand qui propose un projet très inclusif pour Netatmo. Et tous nos savoirs-faire sont préservés. C’est donc la qualité du projet industriel qui a été la raison de ce rapprochement.

D’accord, mais en tant qu’entrepreneur, n’auriez-vous pas fait une meilleure affaire plus tard ?

Je ne suis pas vraiment un entrepreneur : je suis un homme de produits. Dans le groupe Legrand, on a un super challenge industriel avec les produits pour la maison connectée. Cela me va parfaitement. Dans la nouvelle organisation mise en place, je n’ai plus la responsabilité des ventes et du marketing, et cela me soulage énormément de ne pouvoir me concentrer sur la R&D et les produits. C’est ce qui m’intéresse.

Considérez-vous qu’il y a aujourd’hui une guerre sur le marché des objets connectés entre les start-up, les GAFA et les industriels qui veulent tous leur part du gâteau ?

Il y a une guerre entre les GAFA qui veulent tous être le point de regroupement des objets connectés. Ce n’est pas une guerre à laquelle on participe parce que tous nos produits fonctionnent avec Google, Amazon ou HomeKit d’Apple. Et l’on a des bonnes relations avec l’ensemble des partenaires.

D’accord mais les GAFA ne vont-ils pas capter l’essentiel de la valeur du marché ?

Tout le monde va en prendre un peu. Les GAFA sont bien contents d’avoir le groupe Legrand pour fournir tous les éléments à intégrer dans les murs et dans la maison. Donc on prend de la valeur. Cela augmente le panier moyen. C’est un peu comme si vous me demandiez qui gagne de l’argent sur le marché du PC : je vous répondrais Microsoft, Intel, AMD, Acer, les intégrateurs systèmes. Beaucoup de gens gagnent de l’argent. C’est pareil dans les objets connecté.

Propos recueillis par Christophe Charlot

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