Tunisie : une Belgique très présente

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Nos entreprises figurent au 4e rang des plus gros investisseurs étrangers en Tunisie. La “Révolution du Jasmin” pourrait-elle remettre en cause cette position privilégiée ?

On savait que la Tunisie était un Etat policier. L’opinion publique internationale la découvre aujourd’hui mafieuse avec, à la tête du “clan”, l’entourage immédiat du chef de l’Etat. Certaines de nos entreprises ont néanmoins superbement réussi à se faire là-bas une place au soleil. Si dans notre propre balance commerciale, nos relations bilatérales avec la Tunisie comptent cependant pour portion congrue, aux yeux des Tunisiens c’est tout l’inverse. Notre pays est en effet le 4e plus important partenaire économique de ce pays du Maghreb et c’est le secteur du textile – majoritairement flamand – qui pèse le plus lourd dans la balance commerciale belgo-tunisienne, soit ici environ 245 millions d’euros et 50 % du total de leurs exportations vers notre pays.

Historiquement, c’est d’ailleurs vers la Tunisie que des firmes telles que Van De Velde, Heytens ou Sioen – pour ne citer que les plus connues – avaient jadis délocalisé tout ou partie de leur production afin de rester compétitives. Cela étant, face à la concurrence toujours plus forte de la Chine, les Tunisiens ont su habilement réagir pour rester dans la course – et donc garder leurs contrats belges – grâce notamment à un régime fiscal très attractif, en l’occurrence une exonération fiscale des bénéfices tirés de l’exportation pendant 10 ans, des primes à l’investissement…

Les Tunisiens ont tout aussi compris qu’ils avaient tout à gagner en se montrant très prompts sur la réalisation des commandes, élément qui ajouté à la proximité géographique avec l’Europe, leur permet de satisfaire leurs mandants dans des délais et des coûts impossibles à tenir pour les Chinois.

Et demain ?

La “Révolution du Jasmin” a provisoirement paralysé le pays, c’est un fait. Certes, le travail a repris mais le transport – et donc l’exportation – des marchandises posent actuellement problème. Au-delà de l’opération tabula rasa qu’ils veulent opérer avec le passé, les Tunisiens savent aussi qu’ils doivent donner des gages de confiance à leurs partenaires étrangers et que cela commence déjà par la relance immédiate de la composante entière de la machine économique. Sans quoi, le pays risquerait de ne pas sortir gagnant de sa révolution. Dans l’attente, la plupart des opérateurs se montrent naturellement des plus compréhensifs…

Jean-Marc Damry

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