Pourquoi Thalys retouche-t-il ses tarifs ?

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Le train à grande vitesse qui relie notamment Bruxelles et Paris crée une nouvelle classe comparable aux “premium economy” des compagnies aériennes. Et promet de proposer plus de tickets à petit prix. Mais il ne pourra jamais être un train low cost.

L’exercice est difficile pour Thalys : comment rester rentable en faisant perdre sa réputation de train coûteux ? Le transporteur a revu ses catégories tarifaires pour mieux coller à la demande et améliorer la perception prix. Il promet de vendre plus de tickets à petit prix : “30% du nombre de sièges vendus, contre 25% à 26% aujourd’hui” explique Agnès Ogier, CEO de Thalys. L’entreprise va créer à partir de décembre une nouvelle classe, “Comfort”, qui s’ajoute à la classe de base Standard (actuel Comfort 2) et Premium (actuel Comfort 1). Ce que l’on qualifie dans les compagnies aériennes de “premium economy” : davantage d’espace pour un petit supplément. Ainsi une réservation à court terme place le ticket Standard à 99 euros par trajet Bruxelles-Paris, il sera de 115 euros en classe Comfort, contre 145 euros en classe Premium.

Les voyageurs de cette nouvelle classe seront transportés dans une voiture spécifique où les sièges sont ceux de la classe Premium, sans le service qui s’y attache (repas, wifi amélioré, presse, accès aux lounges à Bruxelles et Paris). Le week-end, il y aura deux voitures Comfort. Le raisonnement de Thalys est le suivant : en poussant une partie des clients de la classe Standard vers la nouvelle classe Comfort, cela va libérer des sièges en classe Standard. Les recettes supplémentaires générées par ce glissement devraient financer l’augmentation du nombre de tickets à petit prix. Au total, Thalys espère aussi augmenter le taux d’occupation des rames, situé actuellement entre 70% et 80%.

Pourquoi le Thalys n’est pas et ne peut être un train low cost ?

Thalys propose des tickets à petit prix, à 29 euros sur Bruxelles-Paris, en réservant bien à l’avance, des tarifs mini-groupe, fait des opérations temporaires. Mais ne peut structurellement généraliser les tarifs bas. Contrairement aux trains nationaux, il n’est pas subsidié -ni même subsidiable. Le km parcouru est donc facturé plus cher, en moyenne, sur Bruxelles-Paris que sur Bruxelles-Liège (ou Paris-Lyon). Ensuite, les péages des voies à grande vitesse sont chers, ils représentent plus de 30% des frais, ce coût est incompressible.

Le vrai low cost, c’est Izy

Le vrai low cost, Thalys l’organise depuis avril 2016 avec le service Izy, avec des tarifs plafonnés à 59 euros, et démarrant à 10 euros. Pour réduire les coûts, ces trains évitent, en France, les voies à grande vitesse, et parcourent Bruxelles-Paris en 2h15 (ou 2h30) au lieu de 1h22 pour le Thalys. L’achat des tickets passe exclusivement par internet. Il y a deux à trois Izy par jour, à des horaires calibrés pour éviter d’importants transferts de passagers business de Thalys, à forte contribution. Cette offre est une réponse à la concurrence grandissante du covoiturage (Blablacar) et des autocars low cost, où la SNCF, maison mère de Thalys, est aussi active avec Ouigo. Izy a transporté 400.000 personnes sur les 12 premiers mois d’activité. L’offre va augmenter de 6% (en sièges) durant l’été.

Avec Izy, les tarifs revus de Thalys, la société THY Factory (1), qui est l’opérateur de ces trains, espère relancer la croissance. Thalys, centré sur Bruxelles, relie Paris, Amsterdam, plusieurs villes allemandes (Cologne, Düsseldorf, Dortmund), connaît plutôt une stagnation ces dernières années un peu sous les 7 millions de passagers par an, et avait sensiblement souffert en 2016 des effets des attentats. La fréquentation avait reculé de 6,9 millions à 6,7 millions de passagers entre 2015 et 2016. Pour 2017, elle est sur le chemin de dépasser le plafond de 2015. Thalys espère dépasser les 7 millions en 2018.

Déménagement : babyfoot et sieste TGV

Le personnel de Thalys va lui aussi bénéficier d’un sur-classement. Le siège de la société a déménagé de la place Stéphanie, à Bruxelles, à la place Broodthaers, juste à côté de la gare du Midi. Les locaux anciens, devenus fort exigus, sont remplacés par plus de 4000 mètres carrés de paysagers, de bureaux flexibles (pas de place assignée), de locaux de réunion créatifs. L’ambiance s’inspire des start up, d’où l’accueil, au rez-de-chaussée par un…babyfoot aux couleurs de Thalys. L’entreprise a même prévu un espace sieste, avec siège massant, qui peut être réservé (power nap room). Pour des séances de 20 minutes : des siestes TGV….

Robert van Apeldoorn

(1) THI Factory, basée à Bruxelles, est contrôlée par la SNCF à 60%, la SNCB en détient 40%. L’activité Thalys emploie directement 600 personnes, dont une moitié de “roulants”, et représentait en 2016 un chiffre d’affaires total de 457 millions d’euros.

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