Olivier Strelli se taille un costard de survie

© Belga

Placée en réorganisation judiciaire, la griffe a obtenu l’aval de ses créanciers. Mais pour retrouver durablement la confiance de ses bailleurs, elle devra prouver sa rentabilité.

Le défilé des faillites et des sociétés en difficulté n’épargne plus les podiums de la mode. La marque de prêt-à-porter Olivier Strelli allait-elle suivre les destins funestes des maisons Christian Lacroix ou Branquinho ?

Fin septembre, nous vous révélions les difficultés financières de Nissim SA, la société qui exploite la griffe Olivier Strelli. Placée en réorganisation judiciaire au printemps, Nissim SA – dans une lettre adressée à Trends-Tendances – atténue cependant la gravité de sa situation et du recours à la procédure de réorganisation judiciaire : “Nous sommes seuls maîtres de notre destin et notre sort n’est absolument pas entre les mains de nos créanciers”, jure la société.

Maîtres à bord, les dirigeants de Nissim SA le sont depuis deux ans déjà, date de la reprise de la griffe Strelli. Et depuis, la situation financière n’a cessé de se dégrader. Le chiffre d’affaires s’est érodé, sa perte s’est creusée et les dettes ont quadruplé… Evidemment, la crise financière et la récession ont porté un coup sévère à l’un des fleurons de la mode belge. Mais pas uniquement. Les chantiers informatiques et logistiques entrepris après sa reprise n’ont pas aidé. Et l’expansion hasardeuse en France a lourdement pesé dans les comptes.

Le flop de Formes

Alors qu’il devait rajeunir son image et conquérir un nouveau public, le réseau de boutiques Formes, racheté en mars 2009, plombera la santé de Nissim SA. “Les collections n’ont pas atteint leur cible car le réseau commercial et marketing n’ont rien fait pour dénicher cette nouvelle clientèle”, assure Nathalie Valentini, ancienne directrice artistique femme chez Strelli.

De fait, le réseau français souffrait d’une identité insuffisante, d’un manque flagrant d’investissement et de l’inexistence d’un plan de communication autour de la marque… “Cherchant à hisser leurs marges, les dirigeants ont aussi augmenté les prix de 30 % sans raison spécifique”, explique un initié.

Résultat : une structure coûteuse, des collections qui ne rencontrent pas leur public et financées par des ventes d’actifs, et une trésorerie qui fait défaut. “Le cercle était vicieux : face à une société désargentée, les fournisseurs ne voulaient plus nous livrer et nos distributeurs nous tournaient le dos, concède Nathalie Valentini, qui n’aura ni le temps ni les moyens des ambitions de Nissim SA. A regret, j’ai tiré ma révérence car il m’était impossible de faire une collection de qualité dans ces conditions.”

L’issue pourrait être heureuse cependant. Alors que la réorganisation judiciaire s’achève à la fin de ce mois, le plan de relance pourrait être homologué par le juge du tribunal de commerce. Le récent feu vert accordé par les créanciers de Nissim SA devrait faciliter la continuité des activités.

Valéry Halloy

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content