Et vous, quitteriez-vous Bruxelles à cause des bouchons ?

© Image Globe/Olivier Vin

Les problèmes de mobilité sont une raison de quitter Bruxelles pour 7 entreprises sur 10 interrogées par Agoria, qui dénonce : “Le titre de capitale des embouteillages menace l’attrait économique de Bruxelles !” La fédération technologique adresse 4 solutions aux autorités pour résoudre ce problème.

9 personnes sur 10 travaillant en Région bruxelloise ont vu, en moyenne, leur temps de déplacement domicile-travail s’allonger de 20 % ces trois dernières années. C’est ce que révèle une enquête menée par Agoria auprès des entreprises technologiques bruxelloises. “La congestion de Bruxelles a de lourdes conséquences, car le titre de capitale des embouteillages menace l’attrait économique de la Région”, prévient ainsi Floriane De Kerchove, directrice d’Agoria Bruxelles.

A la question de savoir les problèmes de mobilité pourraient constituer une raison de quitter la Région à terme, 7 entreprises sur 10 répondent aujourd’hui positivement. En 2008, elles n’étaient que 2 sur 10 à l’affirmer… Les trajets entre le domicile et le lieu de travail effraient également les travailleurs : 55 % des entreprises éprouvent des difficultés à trouver du personnel en raison des problèmes de mobilité.

Dans la Région de Bruxelles-Capitale, l’industrie technologique compte plus de 300 entreprises qui occupent ensemble quelque 31.000 personnes, représentant près de 10 % de l’emploi privé.

12.000 personnes travaillent au sein du parc Da Vinci… malgré un point noir majeur : son accessibilité

Agoria demande dès lors aux autorités une meilleure accessibilité des zonings, une offre de transports en commun plus étoffée, une gestion du trafic basée sur les dernières technologies et une collaboration entre les Régions.

Pour illustrer son propos, la fédération high-tech prend pour exemple le parc Da Vinci, à Haren et Evere, qui connaît une activité très importante : “Plus de 12.000 personnes gagnent leur vie dans les entreprises qui y sont implantées et dans celles situées à proximité. Mais comme les autres zonings de la Région bruxelloise, son accessibilité constitue un point noir. La gare SNCB Bordet n’est toujours pas une gare RER à part entière avec davantage de trains omnibus, la ligne de bus 59 et la ligne de tram 62 s’arrêtent bien avant la limite de la Région, des travaux routiers entravent l’accès aux différentes entreprises à partir du Ring…”

Quelques entreprises technologiques présentes tentent toutefois de pallier elles-mêmes les lacunes en matière de mobilité. “Ainsi, IBM prévoit un parking de dissuasion et une navette assurant la liaison avec la périphérie flamande, et la Sabca une navette entre la société et la gare de Bruxelles-Nord, mais de telles initiatives ne sont qu’une goutte d’eau dans la mer, déplore Agoria. Les employeurs et les travailleurs de nombreux parcs d’activités économiques attendent une gestion plus ambitieuse de la mobilité de la part des différentes autorités compétentes.”

Bruxelles mérite bien son statut de “capitale des embouteillages”

D’après les données du fabricant de GPS TomTom, Bruxelles mérite bien le titre de “capitale des embouteillages”, continue la fédération. Près de 4 chaussées bruxelloises sur 10 sont congestionnées. L’enquête réalisée par Agoria vient confirmer ces chiffres : “Trois entreprises technologiques sur quatre sont plus difficilement accessibles qu’il y a trois ans, lors de la première enquête similaire, chiffre Floriane De Kerchove. Le temps de déplacement entre le domicile et le lieu de travail a augmenté pour 9 travailleurs sur 10, de 21 % en moyenne.”

Sur le plan des transports en commun aussi, il y a matière à amélioration : “Une entreprise technologique bruxelloise sur deux affirme ne pas être bien desservie par les transports en commun, soit un statu quo par rapport aux résultats de 2008, pointe Agoria. Une entreprise technologique sur trois dispose de trop peu de places de parking, et là aussi, on ne constate pas d’amélioration depuis 2008.” Une situation qui inquiète la fédération technologique, car “la Région bruxelloise entend réduire de 16 % le nombre de places de stationnement publiques dans les prochaines années”.

Tout cela rend Bruxelles moins attrayante comme lieu d’établissement pour les entreprises, mais aussi pour le recrutement de personnel, ajoute Agoria : “Les problèmes de mobilité sont aujourd’hui les plus souvent cités par les entreprises (70 %) comme raison possible de quitter la Région à terme. En 2008, les entreprises n’étaient encore que 18 % à être de cet avis. Cette situation effraie les candidats potentiels : 55 % des entreprises peinent à trouver du personnel de ce fait.”

Les 4 propositions d’Agoria pour résoudre le problème de la mobilité à Bruxelles

Les entreprises technologiques prennent elles-mêmes un certain nombre de mesures. Neuf entreprises sur 10 mènent actuellement une politique de mobilité propre, 67 % ont instauré la possibilité de télétravailler, 38 % octroient des indemnités vélo et 25 % offrent des primes aux travailleurs qui font du covoiturage.

Les entreprises ont également de plus en plus recours à des solutions telles que l’introduction d’un budget mobilité, des campagnes d’information et la mise en place de navettes.

A la question de savoir ce que peuvent faire les autorités, Agoria apporte quatre réponses :

– Veiller à une bonne accessibilité des parcs d’activités économiques avec des plans de mobilité par zone, une infrastructure adaptée et des places de stationnement en suffisance pour les entreprises.

– Veiller à de bonnes liaisons des transports en commun vers les parcs d’activités économiques, également interrégionales (par exemple, ligne de tram Bruxelles-aéroport), et soutenir financièrement les entreprises qui prennent des initiatives durables en matière de mobilité, comme les services de navettes et le télétravail, par la création d’un fonds bruxellois des navetteurs.

– Veiller à mettre en oeuvre des solutions technologiques telles que la gestion dynamique du trafic et des systèmes intelligents de péage et de transports publics.

– Veiller à une gestion régionale de la mobilité ainsi qu’à une collaboration et une coordination interrégionales (par exemple, parkings de transit).

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