Bpost et Proximus privatisés… et les autres ?

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La Chambre a donné le feu vert à une possible privatisation de Bpost et de Proximus. D’idéologique, le dossier est devenu purement financier. Les deux entreprises sont actives sur des marchés concurrentiels et gérées selon des critères de plus en plus privés… et ne sont pas les seuls titres que l’État pourrait revendre. Par morceaux ou en bloc ?

C’est fait : le gouvernement pourra, s’il le souhaite, vendre tout ou partie des participations détenues dans Proximus et Bpost, deux entreprises publiques cotées qui pèsent respectivement 10,9 et 4,6 milliards d’euros en capitalisation boursière. Le projet de loi voté le 3 décembre par la Chambre permettra de descendre sous la barre des 50% plus une action, ce qui ouvre la porte à une recette potentielle de plus de 5 milliards d’euros. Il modifie la loi sur les entreprises publiques de 1991.

“La fin de l’entreprise publique” selon la CSC

La nouvelle ne fait pas forcément plaisir au personnel de ces entreprises, pour qui la présence de l’État est rassurante. André Blaise, responsable de CSC Transcom, estime ainsi que le texte “signe la fin de l’entreprise publique”, et ajoute : “Il ne faut pas se leurrer, les investisseurs privés qui entreront dans le capital ne seront pas là pour garantir les missions de service public de l’entreprise. Ce qu’ils voudront, c’est rentabiliser leur investissement.”

En fait, c’est déjà le cas : Proximus et Bpost n’ont plus guère de missions de service public à remplir, leur activité est à présent totalement concurrentielle. Ces entreprises, cotées en Bourse, sont gérées avec les règles du privé. La part du personnel relevant du statut public (statutaires) se réduit au profit des contractuels. Le gouvernement avait encore une influence en nommant le CEO et en fixant les rémunérations. Le projet de loi voté met fin à ces interventions.

Cession partielle ou totale : Bpost et Proximus, mais aussi Belfius, Ethias… et les autres

Le projet, porté par Alexander De Croo, ministre des Entreprises publiques, donne les mains libres au gouvernement Michel. La décision sera davantage financière qu’idéologique. Cela fait belle lurette que les partis, y compris le PS (qui a voté contre la loi De Croo), ont quasiment tous abandonné le tabou de la ventes des entreprises publiques.

L’appât des recettes a guidé les gouvernements depuis plus de 20 ans, avec la revente des banques publiques et de la majorité de l’aéroport de Zaventem. La même motivation guide la future loi. Le gouvernement veut se laisser la liberté de dégager des moyens par la vente des parts pour réduire la dette publique.

Le débat est du reste plus large que les dossiers de Proximus et de Bpost : il concerne aussi Belfius, la participation dans BNP Paribas (10,3% via la SFPI), la Loterie Nationale et quelques autres actifs détenus par le fédéral.

L’État a confié une étude sur le sujet aux banques Nomura, Leonardo et au cabinet SynCap, dont le quotidien De Standaard a publié quelques conclusions. L’étude déconseille notamment une vente massive, et propose plutôt une cession progressive des parts de Bpost et de Proximus (en se plaçant juste sous la barre des 50%, pour arriver à moyen terme entre 25 et 30%) ainsi que des parts dans Belfius, mais aussi une cession partielle des titres BNP Paribas. Elle prône enfin le maintien des participations actuelles dans Ethias (25% plus une action) et la Loterie Nationale.

Avec ce mécanisme, l’État ne perdrait pas immédiatement son influence. Même avec 30% de Proximus, il demeurerait le premier actionnaire, loin devant des fonds qui ne dépassent guère 2 ou 3%. Un peu comme l’État français, qui s’est désinvesti de certaines grandes entreprises comme Renault et Air France KLM dont il demeure le premier actionnaire avec moins de 20%.

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