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Bourse : la mort du “bon père de famille”

Que peut-on dire à cet investisseur qui, hier encore, croyait que se comporter en “bon père de famille boursier” était la voie à suivre ? La réponse est claire comme de l’eau de roche : s’il veut la sécurité de ses placements, il aura juste du pain rassis pour se nourrir.

Les amateurs de Bourse savent qu’elle est très friande de dictons censés résumer la sagesse collective. Vous en connaissez tous quelques-uns. “En Bourse, les arbres ne grimpent jamais jusqu’au ciel.” Ou encore : “Sell in May and go away” ; autrement dit : “Vendez vos actions au mois de mai et restez à l’écart de la Bourse.” Un dicton qui s’est révélé très judicieux pour ce mois de mai 2010.

En revanche, il est une expression qui risque de perdre tout son sel : celle du “bon père de famille”. Pendant longtemps, conseiller à quelqu’un de gérer son patrimoine “en bon père de famille” signifiait que la personne en question devait prendre un minimum de risques pour garantir son capital. Juste assez, en fait, pour assurer les fins de mois de sa famille et se réserver un petit pécule supplémentaire pour sa pension.

Le problème avec cette expression est qu’elle désigne une époque révolue, où les banques, les compagnies d’assurances étaient solides. Tout cela est fini. Depuis la crise des subprimes, on sait que les banques peuvent faire faillite. On sait également que les compagnies d’assurances ne sont pas immunisées à 100 % contre la faillite, pas plus d’ailleurs que les grandes entreprises ou même les Etats dont on découvre – ou redécouvre – qu’eux aussi sont mortels ! Pour les banques, pensez à Fortis ; pour les grandes entreprises, aux déboires de BP ; pour les Etats, à la Grèce ou à l’Islande.

Pour reprendre la jolie formule du trader français Marc Fiorentino, le “bon père de famille boursier” est en voie de disparition : il est aussi dépassé “que le macho à poils de torse apparents”. Que peut-on dire à cet investisseur qui, hier encore, croyait que se comporter en “bon père de famille boursier” était la voie à suivre ? La réponse est claire comme de l’eau de roche : s’il veut la sécurité de ses placements, il aura juste du pain rassis pour se nourrir. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder ce que rapportent les livrets d’épargne.

S’il veut plus, il devra désormais être vigilant, en veille active, mobile, flexible. Prêt à sauter en Bourse lorsque celle-ci est basse et à vendre quand elle est haute. Il devra accepter en période de tempête boursière à rester en cash, garder à l’esprit que les obligations de l’Etat ne sont plus une valeur refuge et, surtout, comme le dit Marc Fiorentino, savoir que tout, mais vraiment tout peut arriver. Bref, il ne dormira plus jamais tranquille.

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