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BCE : ce qui se cache derrière la hausse du taux directeur

A la fin de la semaine dernière, la Banque centrale européenne a augmenté son taux d’intérêt principal de 1 % à 1,25 %. Le but de cette manoeuvre est de lutter contre l’inflation. En réalité, il en va tout autrement…

A la fin de la semaine dernière, la Banque centrale européenne a augmenté son taux d’intérêt principal de 1 % à 1,25 %. Le but de cette manoeuvre est de lutter contre l’inflation. Comme vous le savez, l’inflation en Europe tourne pour le moment autour des 2,6 %. La mission de la BCE étant de ne pas la laisser dépasser 2 %, a dû dégainer l’arme des taux d’intérêt pour casser cette poussée de fièvre inflationniste.

Voilà pour les faits. Qu’en est-il en réalité ?

Premier constat : cette hausse des taux d’intérêt d’un quart de point ne servira pas à lutter contre l’inflation. Bizarre, direz-vous, puisqu’en principe, cette hausse des taux d’intérêt est justifiée par la hausse de l’inflation. Eh bien, non. Comme l’inflation est d’origine externe – autrement dit, d’origine pétrolière – nous sommes en face d’une inflation importée contre laquelle une hausse des taux d’intérêt n’a aucun impact.

Pourquoi le faire, dès lors ? Parce que la Banque centrale européenne vise un autre objectif, un objectif indirect : faire comprendre aux Etats et aux entreprises européennes qu’elles doivent surveiller de près les salaires.

La BCE craint de voir des effets de “second tour”, comme on dit. En clair, si l’inflation grimpe, les salariés veulent garder leur pouvoir d’achat et font donc pression pour indexer leurs salaires sur la hausse des prix. Les coûts des entreprises, du coup, augmentent et ces entreprises n’ont d’autre solution, si elles veulent sauver leurs marges, que d’augmenter leurs prix de vente. Ce qui fait évidemment augmenter l’inflation et provoque une nouvelle demande de hausse salariale. Et ainsi de suite. C’est pour éviter cette spirale inflationniste que la BCE a augmenté sont taux d’intérêt directeur de 0,25 %.

Second constat : en augmentant son taux d’intérêt, la BCE démontre que sa politique s’apparente un peu à une sorte de “taille unique”, de “one size fits all“. Cela signifie que cette hausse des taux est la bienvenue en Allemagne, où la croissance est forte, mais est mal perçue par des pays comme l’Irlande, le Portugal et l’Espagne.

Dans ce dernier pays, par exemple, 85 % des ménages ont contracté un prêt hypothécaire à taux variable. Cette hausse, qui n’est sans doute pas la dernière, se traduira par l’étranglement de certains ménages espagnols et pèsera encore plus sur le marché immobilier local. La baisse des prix immobiliers en Espagne n’est donc pas terminée.

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