Dexia : les Français “not amused” par les Belges

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La réunion prévue avec les Français après l’AG a été annulée, a indiqué notre ministre des Finances. Les divergences de vue entre l’Hexagone et la Belgique pourraient-elles avoir des conséquences négatives pour Dexia… et pour notre pays ? La question se pose.

La réunion avec des représentants français à propos de Dexia, qui devait avoir lieu après l’assemblée générale de la société, a été annulée, a confirmé jeudi le ministre des Finances, Steven Vanackere, sur le plateau de l’émission Ter Zake : “La réunion n’a en effet pas eu lieu. Les Français étaient not amused des attitudes adoptées en Belgique sur la décharge des administrateurs et il est nécessaire de parler avec eux.”

Mercredi, les représentants des gouvernements fédéral, wallon et bruxellois se sont abstenus quand est venu le moment de voter la décharge. Le gouvernement flamand a quant à lui voté contre.

Selon le ministre Vanackere, les Français ne réalisent pas tout à fait que les difficultés liées à cette question ont joué comme un exutoire pour des Belges échaudés par la débâcle de Dexia : “Nous devrons vérifier s’ils nous comprennent encore.”

A ses yeux, le plus important pour la Belgique est le remplacement de Pierre Mariani à la tête de Dexia par une personne de nationalité belge.

Dexia : Français et Belges pas sur la même longueur d’onde

Des divergences de vues sont apparues lors de l’assemblée générale de Dexia entre les actionnaires français et belges, a reconnu jeudi à la Chambre notre Premier ministre. Elio Di Rupo a confirmé que l’Etat belge s’était abstenu sur la décharge et a précisé que le cabinet d’avocats qui conseille la SPFI a relevé que le rapport de la commission parlementaire n’a pas identifié de fautes dans le chef des membres du conseil d’administration.

Le Premier ministre a été interrogé par sept parlementaires, dont Christiane Vienne (PS), Marie-Christine Marghem (MR) et Georges Gilkinet (Ecolo), sur la situation de Dexia après l’assemblée générale qui a eu lieu mercredi.

La décharge des administrateurs a été votée à une large majorité malgré l’abstention de l’Etat belge et des Régions wallonne et bruxelloise, et du vote négatif de la Région flamande. Devant cette situation, le Premier ministre a souligné qu’on avait constaté “une divergence de vues entre les actionnaires belges et français”.

Elio Di Rupo a rappelé que le comité ministériel restreint du gouvernement fédéral s’était prononcé pour une cohérence maximale de la position des différents gouvernements lors de l’assemblée générale. “Après de nombreux contacts, il est apparu qu’il subsistait des divergences entre les gouvernements. Le fédéral a dès lors décidé de s’abstenir.”

A la demande de la SFPI, le fédéral a motivé l’abstention : “En ce qui le concerne, l’Etat fédéral, au vu des éléments dont il a connaissance, maintient sa confiance dans les actes de gestion posés par le conseil d’administration au cours de l’année 2011 dans des circonstances très difficiles. Cette explication de l’abstention nous est apparue vraiment nécessaire pour éviter de graves tensions nuisibles tant à l’intérieur de Dexia SA que pour l’Etat belge.”

De plus, “la décharge ne porte que sur les éléments qui étaient à l’ordre du jour de l’assemblée générale. Si l’on découvre une faute postérieure, elle n’est pas couverte par la décharge. Cette décharge concerne l’intérieur de la société. En d’autres termes, si des personnes de l’extérieur disposaient d’éléments probants, ils peuvent toujours les faire valoir.”

Dexia : quelles conséquences pour les différences de vue entre Belgique et France ?

Elio Di Rupo a encore précisé qu’on verra dans les prochains jours quelles seront les conséquences de la divergence de vues entre les actionnaires français et belges. Plusieurs décisions importantes doivent en effet intervenir. Il s’agit notamment de mettre en oeuvre le plus rapidement les accords intervenus entre la Belgique et la France en décembre 2011.

Ces accords prévoient notamment qu’à l’avenir, le CEO sera belge et le président du conseil d’administration français. Il faut donc faire en sorte qu’un Belge soit le plus rapidement désigné à ce poste, a dit le Premier ministre.

Garanties d’Etat : il faut attendre la formation du nouveau gouvernement français

Le Premier ministre a par ailleurs rappelé que les garanties provisoires sont, outre les 20 milliards de garanties antérieures, de 45 milliards garantis par la Belgique, la France et le Luxembourg. “60 % de ce montant, qui a d’ailleurs été accepté par la Commission européenne, relève de la responsabilité de la Belgique. Ces garanties doivent être prolongées. Et il y a là une discussion à avoir avec la Commission européenne. Il est prématuré de spéculer sur le résultat des discussions à venir entre la Belgique et la France.” Elio Di Rupo a souligné qu’il fallait notamment attendre la formation du nouveau gouvernement français.

Prochain CEO de Dexia : De Boeck sera bien proposé par la Belgique

En ce qui concerne le prochain CEO, le Premier ministre a confirmé que le gouvernement avait décidé de présenter Karel De Boeck pour la fonction. “Il semble être la personne la plus compétente selon la liste établie par le bureau de chercheurs têtes.” Quant à son salaire, il faut encore en parler avec l’intéressé, mais il devrait être d’un niveau conforme à ce qui se trouve dans l’accord.

Trends.be, avec Belga

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