Comment Georges-Louis Bouchez a révolutionné la Belgique francophone

Georges-Louis Bouchez: le triomphe. BELGA PHOTO BENOIT DOPPAGNE
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le président du MR a renversé la table en Wallonie et à Bruxelles. Son triomphe est le pari réussi de la “droite populaire” décrié par ses opposants. Avec les Engagés et la N-VA, le voilà en mesure de dicter le ton de réformes.

Georges-Louis Bouchez a renversé la table francophone et réussi son incroyable pari. Non seulement le MR a progressé à Bruxelles, où il devient le premier parti avec 26% des voix, mais il explose également en Wallonie avec 29,6%, devançant dans les deux cas le PS avec une belle marge.

C’est la révolution du 9 juin 2024 et le triomphe de la “droite populaire”, cette ligne assumée pleinement par le Montois. C’est aussi et surtout l’expression d’un désir de changement profond en Wallonie et à Bruxelles, un ras-le-bol de la ligne socio-économique imposée par le PS et encore plus des diktats économiques des écologistes, grands perdants du scrutin avec des résultats faméliques.

L’audace de GLB

Qui aurait misé sur cette explosion bleue? Georges-Louis Bouchez a été régulièrement diabolisé, voire moqué par ses adversaires. On lui a reproché son outrance sur les réseaux sociaux ou ses sorties fortes et tranchées en matière de travail et d’assistanat, de sécurité et d’immigration, de politique genrée ou de nucléaire. Or, ce discours était celui qu’une majorité attendait, las de voir la Belgique francophone stagner et être méprisée sans cesse par les Flamands.

Cette ligne claire a payé, au point que le président du MR a pu, en fin de campagne, capter à son profit les coups portés par un Paul Magnette fébrile et, surtout, un Jean-Marc Nollet qui se décrédébilisait à force d’exclusive – alors que l’écologie politique ne passait plus.

La victoire de Georges-Louis Bouchez, c’est celle d’un jeune homme devenu récemment papa, qui a constamment défendu cette ligne alors que son parti était à tous les niveaux de pouvoir – ce que certains ont pratiquement oublié. Quitte à se mettre le duo PS-Ecolo à dos, complément parfait de la stratégie. C’est celle d’un ambitieux désireux de montrer que l’on peut réussir en politique en étant audacieux, en se faisant adouber par les clans Michel et Reynders avant de les transcender – quitte à se fâcher avec certains en interne.

Cette audace rejoint également un air du temps plus général, d’une Europe qui glisse à droite, d’une nouvelle forme de populisme qui triomphe et d’une époque marquée par les périls socio-économiques, sécuritaires, identitaires – relayant à l’arrière-plan le défi écologique.

“Une victoire, une responsabilité”

Georges-Louis Bouchez ne boudait pas son plaisir et sa revanche, dimanche soir. En sachant que ce n’est là qu’une étape. Le plus difficile commence: concrétiser ses espoirs en conservant l’unité – ce qui est évidemment plus facile dans la victoire. “Une victoire, c’est une responsabilité”, disait-il. Le voilà face à son destin, car il se confirme bien ce lundi matin que le MR aura la main dans les deux Régions. Et jouera un rôle central au fédéral, bien qu’affaibli par la chute de la maison Open VLD en Flandre.

L’allié naturel en Wallonie, ce sont les Engagés. La “remontada” réussie par Maxime Prévot au sud du pays est tout aussi impressionante et complète la révolution de centre-droit en Wallonie.

A Bruxelles, le MR devra composer avec un PS qui s’est bien maintenu, ce qui sera tout sauf simple dans certains dossiers identitaires, mais avec des lignes d’entente en matière de mobilité (Good Move est mort) ou de relance socio-économique.

Au niveau fédéral, voilà aussi Georges-Louis Bouchez faiseur de roi avec Bart De Wever, président de la N-VA. Là encore, les mains tendues en cours de campagne à l’attention d’un parti nationaliste devenu l’allié naturel en remplacement de l’Open VLD ont été des coups de poker audacieux.

A titre personnel, le Montois a le choix des armes: il peut rester à la tête du parti, renforcé, ou opter pour la ministre-présidence wallonne. Le poste de Premier ministre, en fonction des négociations, pourrait revenir à Bart De Wever ou à un CD&V, son président Sammy Mahdi (le choix préféré de Bouchez) ou Vincent Van Peteghem.

A tous les niveaux, surtout, le jeune vainqueur devra prouver sa capacité à mettre en oeuvre des réformes structurantes. Allier la com’ qui lui est naturelle à une action déterminante: c’est à cela, désormais, qu’il sera jugé. Mais désormais, on risque de le prendre plus au sérieux.

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