Des hockeyeurs liégeois se mettent à nu pour la bonne cause
Tous les deux ans, des hockeyeurs liégeois se déshabillent pour réaliser un calendrier vendu au profit d’une association caritative. En septembre dernier, c’est à Amsterdam qu’ils se sont rendus pour illustrer l’édition 2020. Rencontre avec Thierry Grandjean et Baudouin Schuermans, les fers de lance de cette aventure.
Qui dit nouvelle année pense nouveau calendrier, et nous en avons déniché un qui renvoie les pompiers et les rugbymen au vestiaire. Alors que les shootings des calendriers de nus sont généralement réalisés en studio à grand renfort de modèles maquillés et photoshopés, les hockeyeurs de la Matinale 4 de l’Old Club de Liège s’assument sur des photos non retouchées, prises en extérieur, devant des monuments célèbres en Belgique ou à l’étranger. Au menu : torse d’imprimeur, fesses d’ingénieur ou encore abdos de libraire. Et si ces amateurs se dévêtissent, ce n’est pas que pour leur plaisir puisque les recettes des ventes des calendriers sont intégralement reversées à une association caritative.
On ne naît pas mannequin nu, on le devient
“C’est un mercredi soir de 2005, après un entraînement, qu’on a commencé à rêver d’un calendrier de nus. Et c’est lors de cette même soirée, l’alcool aidant, qu’on a pris la pose dans les vestiaires et sur le terrain”, raconte Thierry Grandjean (alias Tchigi), qui tire de cette aventure une fierté légitime. Quelques semaines plus tard, le premier calendrier était imprimé en 250 exemplaires, contre 1.500 aujourd’hui. “Notre but caritatif n’a pas changé. Nous n’avons jamais voulu collecter de l’argent pour nous offrir de beaux équipements. C’est un gros délire pour la bonne cause”, précise Baudouin Schuermans, le GO de l’équipe.
Une histoire d’amitié et de solidarité
Après l’Old Club en 2005, Liège en 2007, Paris en 2009, Londres en 2011, la Belgique en 2013, Rome en 2015 et Berlin en 2017, la bande de copains a posé devant l’objectif d’un ami photographe en septembre dernier à Amsterdam. Le traditionnel calendrier sera vendu cette fois au profit de l’Association liégeoise pour le Rwanda. “Nous choisissons toujours des oeuvres gérées par des personnes que nous connaissons. Nous n’envoyons jamais d’argent directement afin de nous assurer qu’il est bien dépensé. Cette année, nous soutenons le projet porté par une amie qui a fui le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994. Les fonds collectés seront investis dans des fournitures scolaires pour une école à Butare, où je vais me rendre en juillet 2020”, explique Tchigi. “Il y a quelques années, nous avons financé le forage d’un puits et la création d’un dispensaire au Mali, des travaux que mon oncle bénévole est venu nous présenter”, ajoute Baudouin.
Où est Charlie ?
Dopés à l’adrénaline depuis quatorze ans, les hockeyeurs liégeois ne sont néanmoins pas tous égaux devant la nudité. Si le prof de maths ne peut déontologiquement pas tomber le haut et le bas, il ne manquerait pour rien au monde ce city-trip entre amis. Quant au juriste de la bande, il a par le passé usé d’artifices pour ne pas être reconnu par ses collègues. “Certains sont plus pudiques que d’autres. Mais la honte ou la gêne finit toujours par céder face à l’engouement collectif”, souligne Baudouin.
On ne peut pas plaire à tout le monde
Évidemment, les anecdotes croustillantes ne manquent pas. Après avoir été surpris par un “paparazzi” sur le célèbre passage pour piétons d’Abbey Road à Londres en 2011 (“Ma vie est réussie”, se réjouit Tchigi), les hockeyeurs se sont retrouvés dans le magazine français trash Guts. Et alors que leur passage déchaîne les passions du public aux quatre coins de l’Europe, ils ont tout particulièrement heurté la sensibilité de Benoît Lutgen en 2013. Le bourgmestre de Bastogne a en effet considéré la photo prise sur le char Sherman dans sa ville comme une atteinte au devoir de mémoire, et menacé d’intenter un procès aux joueurs. Une affaire qui a été classée sans suite. Mais c’est en 2015 que les choses se sont corsées. Arrêtés par les carabinieri romains et escortés sur leur vélo jusqu’au poste de police, les Liégeois ont passé huit heures en garde à vue. “Nous venions d’arriver à Rome et au lieu de consacrer les premières heures de notre séjour au repérage des monuments et à la répétition des poses, nous nous sommes laissé emporter par un excès de confiance en nous déshabillant devant le Colisée en plein jour”, se souvient Baudouin. “Au poste de police, nous nous refilions la carte mémoire avec la photo compromettante. Je la voyais déjà sur des mugs et des tee-shirts. J’en étais tellement fier que j’aurais pu avaler la carte pour éviter que les policiers mettent la main dessus”, plaisante Tchigi. Relâchés au compte-goutte, ils l’ont shooté ce calendrier – entre autres dans les bureaux du poste de police ! -, conformément à leur devise : “Face à la difficulté, on baisse le pantalon, pas les bras !”
Un cadeau qui a du sens
Leur prochain défi ? “Une destination dans le sud de l’Europe comme Lisbonne ou Porto dans deux ans et, pour les vingt ans du calendrier, un best-of de 24 mois. Après, on arrête”, avance Baudouin, sans grande conviction. Et Tchigi de s’exclamer : “Non, on n’arrêtera jamais !” Et il a bien raison. Parce que ce calendrier caritatif, c’est un concentré de bonne humeur insufflé par des quadras généreux. Un cadeau de Noël qui a du sens, en vente dans les librairies liégeoises au prix de 5 euros et disponible sur commande par e-mail à l’adresse suivante : calendrierhockey@gmail.com. Bonne année à tous ! Faites des bêtises, mais faites-les avec enthousiasme. (Colette, 1873-1954)
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