Amid Faljaoui

La direction de Boeing décapitée : la revanche des ingénieurs sur les financiers ?

Le grand Winston Churchill déclarait : “La démocratie est un mauvais système, mais le moins mauvais de tous les systèmes”. Ce lundi, on a redécouvert que le « capitalisme est un mauvais système, mais le moins mauvais de tous les systèmes ».

Je vise par là le fait que la direction de l’avionneur Boeing a été décapitée ce lundi. C’est normal avec les problèmes de sécurité sur ses avions, Boeing ne garde la tête au-dessus de l’eau que grâce aux contrats du Pentagone, l’armée américaine.

Le PDG de Boeing a annoncé qu’il partait au plus tard pour la fin de l’année. Ce délai de quelques mois n’étant là que pour donner le temps au conseil d’administration de lui trouver un remplaçant. Quant au président du conseil d’administration actuel, il a fait comprendre qu’il ne se représentait pas à son poste lors du renouvellement du conseil.

Cette décapitation de la tête de Boeing a permis à l’action de la société de reprendre des couleurs. Ce qui montre à quel point, la Bourse est non seulement une grande trouillarde, mais aussi une grande ingrate.

Chacun d’entre nous se souvient de la perte en plein vol d’une porte d’un Boeing 737 Max d’Alaska Airlines début janvier. Ce n’est hélas pas le seul incident enregistré par Boeing. Le 11 mars, les passagers d’un vol au-dessus de la mer de Tasmanie ont vu leur avion perdre de l’altitude. Les passagers qui n’étaient pas attachés à leur ceinture ont été propulsés au plafond, avec à la clé une cinquantaine de blessés.

Juste avant le 7 mars, un autre Boeing en partance pour le Japon a dû atterrir à l’aéroport de Los Angeles après avoir perdu un pneu au décollage. Des incidents de la sorte, il y en a des tas depuis une bonne décennie.

La faute à la direction de Boeing. En achetant en 1987 son rival, l’avionneur McDonnell Douglas, tout a commencé à déraper. La culture d’ingénieurs de Boeing a été contaminée par la culture de l’entreprise rachetée qui, elle, est une culture purement financière de réduction des coûts et de concentration sur les performances financières. Le résultat, je vous résume rapidement, c’est que depuis ce rachat, Boeing a préféré chouchouter ses actionnaires plutôt que d’investir.

Ce changement de culture est d’ailleurs devenu un cas d’école qui a même servi de documentaire sur Netflix. La meilleure preuve, c’est qu’avant le rachat de Mc Donnell Douglas, les ingénieurs étaient majoritaires au conseil d’administration. Aujourd’hui, ils sont à peine 23%.

La Bourse a donc été chouchoutée à coups de dividendes et de rachats d’actions pour doper le cours de l’action Boeing. Mais comme vous le savez, les investisseurs en Bourse ont une mémoire de poisson. Depuis 2019, le cours de l’action Boeing a perdu 50%. Au point de se faire dépasser aujourd’hui par Airbus son concurrent européen qui a gardé sa culture d’ingénieur et d’investissements récurrents. C’est aussi cela la beauté du capitalisme, il peut connaître des déboires, mais à l’inverse du système communiste, il peut aussi sécréter ses propres anticorps. C’est la raison pour laquelle il est encore là !

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