Amid Faljaoui

Entreprises : restez en dehors de la politique !

Les entreprises doivent rester en dehors de la politique et de la géopolitique. Ce message clair et net émane de Richard Edelman, le patron de la plus grande agence mondiale de relations publiques. Ce spécialiste estime que les entreprises n’ont rien à gagner à se mêler de politique et de géopolitique, mais au contraire n’ont que des coups à prendre.

La distanciation n’est pas toujours simple à prendre pour des entreprises. Richard Edelman cite le cas de la guerre en Ukraine où certaines sociétés ont été chassées, d’autres se sont pressées de partir alors que d’autres encore, ont décidé de rester sur place malgré les critiques des groupes de pression. Même débat sur le conflit actuel au Proche-Orient qui a vu des marques comme McDonalds être prises à parti dans ce conflit pour telle ou telle raison.  Richard Edelman estime qu’il n’y a que des coups à prendre, car soit ce sont les clients qui sont affectés par les prises de position de l’entreprise, soit ce sont les employés, soit les deux.

Bien sûr, ce spécialiste des relations publiques ne demande pas que ces entreprises reviennent en arrière sur la défense de valeurs comme l’inclusion ou la diversité. Mais, il semble dire que ces débats doivent rester en interne, au sein des murs de l’entreprise et non pas se transformer en discours ou prises de position externes.

C’est un rappel à l’ordre intéressant, car ces dernières années pas mal de patrons de grandes entreprises se sont lancés à cœur dans le combat politique, sous forme de combat pour des minorités ethniques ou sexuelles. Passée la première vague de sympathie, ces entreprises se sont retrouvées prises en étau entre les extrêmes qu’ils soient de gauche ou de droite. Au lieu d’apaiser la société, ces prises de position ont polarisé la société civile. C’est par exemple le cas de Disney qui a glissé de la 4ème place du classement des entreprises les plus aimées des Américains à la 77 ème place. L’entreprise a fini par lasser une bonne partie de ses admirateurs qui ne trouvaient pas nécessaire de tourner une énième version de la petite sirène avec une actrice de couleur ou de censurer sur la plateforme Disney + la version supposée raciste d’un chat siamois jouant au piano avec des… baguettes.

Tout ça, bien entendu pour préserver les enfants de cette vision présupposée raciste. Le message lancé par Richard Edelman aux entreprises de rester en dehors de la politique et de la géopolitique n’est pas simple à suivre. Car, paradoxalement, le sondage qu’il a mené auprès des citoyens de 28 pays montre que ces derniers ont perdu confiance dans leur politique. Ce non-respect des autorités conduit aussi, selon ce sondage, à nourrir la désinformation.

La confiance envers les députés et ministres s’est envolée au profit d’une confiance plus locale. Les citoyens font davantage confiance à leurs bourgmestres, aux entreprises, mais aussi aux informations véhiculées par leurs amis ou leurs proches par WhatsApp.

Sur ce dernier point, je m’amuse de la naïveté de nos concitoyens. En effet, pourquoi porter plus de crédit à une information envoyée par un proche ou quelqu’un de la famille ? J’en ai fait l’expérience, 80% de ces informations sont fausses. Je l’ai encore constaté le week-end dernier. J’avais reçu un texte du célèbre New York Times fustigeant la mauvaise gestion de la Belgique par nos politiques, sauf que ce texte véhiculé avec beaucoup d’empressement datait en réalité de… 2017 ! De même, lorsque je poste un article sur LinkedIn, personnes charitables “likent” mon post après 30 secondes alors qu’il faut 3 à 4 minutes pour le lire. La désinformation n’est donc pas toujours là où on l’attend…  

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