Olivier Mouton

Un formidable besoin d’ambition pour 2024

Olivier Mouton Chef news

Il faut entendre l’économiste Geert Noels confier spontanément, lorsqu’il évoque le projet de télescope Einstein qu’il est amené à accom­pagner: “C’est le projet de ma vie”. Ce chantier démesuré – un investissement de deux à trois milliards impliquant la Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne – ne sera confirmé qu’en 2026. Mais dès à présent, il fédère politique, communauté scientifique et entreprises autour d’un objectif vertigineux: partir à la recherche des origines de l’univers. Une quête scientifique dont on ne sait jusqu’où peuvent aller les effets.

“C’est en mettant en œuvre des grands projets comme celui-là que l’on donne confiance à la société, insiste Thomas Dermine. Cela mobilise les énergies.” Le secrétaire d’Etat fédéral à la Relance évoque, dans un autre registre, l’avenir du Cinquantenaire, à Bruxelles, appelé à devenir un pôle de premier plan en vue du bicentenaire de la Belgique, en 2030. Ces cinq prochaines années, le lieu sera modernisé, embelli, transformé et accueillera des événements pour signifier l’importance de cet horizon. Une façon de symboliser l’unité face aux tentatives de repli et aux projets nationalistes.

Nous devons raconter le monde autrement, pour permettre aux entrepreneurs… d’entreprendre.

Ce télescope et ce site bruxellois dessinent un horizon. Willy Borsus, ministre wallon de l’Economie, insiste sur le fait que 4.200 acteurs économiques pourraient être impliqués dans le projet Einstein. Un impact colossal, tourné vers l’avenir. “Les statistiques d’Eurostat démontrent que nous sommes un strong innovator en matière de recherche et développement, dit-il. Nous investissons 3,6% du PIB dans la recherche, nous sommes quasiment sur pied d’égalité avec la Flandre, en tête des classements.” Voilà les bases de ce que doit être l’avenir de la Wallonie.

2024 sera une année multi-électorale et l’avenir du pays se jouera peut-être à pile ou face avec les succès du Vlaams Belang et du PTB. Quitte à jouer avec le feu. A l’aube de ces échéances cruciales, il n’est pas vain de rappeler que les ambitions sont indispensables pour aller de l’avant face aux défis majeurs de notre époque: vieillissement de la population, dérèglement climatique, tensions géopolitiques, explosion de l’intelligence artificielle… Plutôt que de céder aux peurs, nos dirigeants doivent aller de l’avant. En considérant que la science reste une source de progrès et de croissance économique.

Face aux peurs, il est urgent de rédiger un autre narratif, mobilisant les hommes et réveillant les consciences. Cela demande du courage et de la vision. Une capacité à aller à contre-courant, aussi, pour dire combien l’activité économique est une plus-value au service du social, l’immi­gration nécessaire à l’avenir de notre prospérité si tant est qu’elle soit contrôlée, la transition écologique vertueuse car elle nous évitera bien des déconvenues à l’avenir. Nous devons raconter le monde autrement, pour permettre aux entrepreneurs… d’entreprendre.

“En Europe, nous ne sommes pas bons dans les industries disruptives parce que nous n’aimons pas la disruption, nous dit Pierre Wunsch, gouverneur de la Banque nationale. Or le progrès technique – intelligence artificielle, etc. – est de plus en plus disruptif. (…) Je crois qu’il faudra se poser un moment la question : ne sommes-nous pas en train de mettre trop de freins au dynamisme des entreprises ? (…) Elon Musk aurait créé son business au départ de l’Europe, il n’aurait pas fait Tesla, ou en tout cas pas à sa manière.” Pourtant, en Europe et en Belgique, nous devons oser donner naissance à de tels champions. Que l’ambition vous accompagne tout au long de 2024.

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