Olivier Mouton

Tous ensemble pour la Wallonie

Olivier Mouton Chef news

Olivier de Wasseige n’est plus administrateur délégué de l’Union wallonne des entreprises (UWE). Il a été débarqué sans ménagement par le conseil d’administration de l’organisation, jeudi 20 avril.

Le principal intéressé a dénoncé une “brutalité inouïe”, tout en acceptant la décision et en se déclarant “fier” de son bilan. L’affaire ne concerne a priori que ce lobby et il y a des raisons internes à son licenciement. Communiquant sans relâche, Olivier de Wasseige a contribué à placer l’UWE sur la carte régionale mais peut-être n’a-t-il pas assez joué la carte du collectif. Et au moment de mettre en place un nouveau plan stratégique, on change d’entraîneur. Rideau?

Des raisons politiques sont aussi à l’origine de son retrait, confie-t-on à demi-mots au sein du conseil d’administration. En substance, l’UWE aurait établi une ligne directe avec le ministre wallon de l’Economie, Willy Borsus (MR), mais une ligne… trop directe et à sens unique. Dans le même temps, les ponts étaient coupés avec les deux autres partis de la coalition wallonne, le PS et Ecolo. Il est a priori naturel qu’un lobby patronal ait davantage d’affinités avec un parti libéral: le Voka, en Flandre, s’appuie davantage sur la N-VA et l’Open Vld que sur Vooruit ou Groen. Mais un lobby se doit d’avoir ses entrées partout… surtout dans cette Wallonie solidement ancrée à gauche.

L’affaire est révélatrice d’une Région qui peine à se relancer et à des institutions qui ne parviennent pas à s’inventer un destin collectif. En début de législature, à l’automne 2020, on saluait l’opportunité que représentait la présence au sein de l’exécutif des trois forces politiques principales: socialistes, libérales et écologistes. Enfin tout était réuni pour mobiliser les forces vives wallonnes au service d’un redressement économique vertueux, social et durable. Ensemble, PS, MR et Ecolo! Ensemble, syndicats, patronat et organisations environnementales! Résultat: rien. Au contraire, chacun se positionne vis-à-vis de sa base militante, les yeux rivés sur les prochaines échéances. Les socialistes défendent les acquis sociaux et les syndicats, poussés dans le dos par le PTB. Les écologistes vantent la plantation de kilomètres de haies et la construction de pistes cyclables. Les libéraux veulent contrôler le travail et soutenir les entreprises en se lamentant d’être les éternels incompris. On caricature à peine. Il manque toujours d’un ciment, d’une ambition…

Le saupoudrage des moyens financiers reste une triste spécialité wallonne. Pour aider la Wallonie à se redresser, 2,7 milliards d’euros ont été octroyés par l’Europe sur la période 2021-2027. Un débat avait déjà eu lieu sur le manque de choix clairs du plan de relance: il a été corrigé à la marge, et pas moins de… 688 projets sont retenus par le jury pour un total de 1,3 milliard de fonds européens! “On a trop dispersé les efforts, regrette l’économiste Jean Hindriks (UCLouvain). Et je crains qu’avec 688 projets, ce soit à nouveau le cas.” Quand tirera-t-on les leçons du passé?

La Wallonie a besoin d’une action chirurgicale, de spécialisations assumées et d’une mobilisation de tous les acteurs. Cela nécessite de surmonter les querelles d’ego, les baronnies locales, les querelles partisanes et les complexités institutionnelles. S’il faut régionaliser des compétences communautaires pour y arriver, faisons-le! Invitons, tant qu’à faire, le fédéral et la Flandre à contribuer à cette action décisive. Dans les stades de football, quand jouent les Diables Rouges, un slogan s’élève: “Tous ensemble!” Pourquoi est-ce si difficile?

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