Olivier Mouton
Réindustrialiser la Wallonie, “quoi qu’il en coûte”
Plus que jamais, la réindustrialisation du sud du pays et son redéploiement économique doivent constituer “la” priorité de toutes les forces vives.
Réindustrialiser la Wallonie. Le leitmotiv figure au cœur du plan de relance du gouvernement d’Elio Di Rupo (PS). Les crises successives de ces dernières années, du covid à l’énergie, ont démontré la nécessité pour la “vieille Europe” de réinstaller sur son sol des filières vitales pour son économie.
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En Wallonie, sans verser dans une nostalgie mal placée pour les cheminées des hauts-fourneaux, ce nouvel élan est vital pour créer de l’emploi, nourrir des écosystèmes et donner enfin un coup d’élan majeur à ce redressement qui patauge depuis des décennies.
L’objectif visé est de faire passer la part du secteur secondaire du tissu économique régional de 12 à 20% à l’horizon 2030. Il conviendra de redoubler d’efforts et de vision pour concrétiser l’essai. Et adopter “davantage que des mesurettes”, pour citer l’Union wallonne des entreprises (UWE).
Le récent couac de Legoland, ce projet mort-né qui était censé faire revivre le site de Caterpillar à Charleroi, rappelle combien derrière l’ambition politique affichée, demeurent bien trop d’errements et d’inconsistance. Les responsables wallons avaient préféré opter pour un “coup” lié à l’industrie du loisir. Un choix teinté de football panique et d’amateurisme qu’ils payent cash. Olivier de Wasseige, administrateur délégué de l’UWE, nous disait en janvier qu’il croyait à un “poisson d’avril” quand le projet avait été dévoilé, tant le site était idéal pour un projet de réindustrialisation, précisément.
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Depuis, les effets d’annonces se multiplient. Le gouvernement wallon dit avoir engagé un tiers du budget de son plan de relance. Le ministre de l’Economie, Willy Borsus (MR) a initié un appel aux projets avec l’espoir de voir atterrir une giga-usine de batteries électriques. Quant au patronat, il appuie là où cela fait mal en réclamant un “cadre propice” à cette réindustrialisation. Une certitude: toutes les énergies devraient désormais converger vers cet objectif commun, en sachant… qu’il ne reste plus qu’un an avant les prochaines élections régionales et fédérales.
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Pour atteindre cet objectif, il faut des sols assainis et des écosystèmes bien utilisés, ainsi que des moyens bien affectés et la fin du saupoudrage habituel. Evoquant le site de Caterpillar, l’UWE ironise: “Pourquoi ne pas prendre les 100 millions du plan de relance consacré à la construction d’un hall omnisports pour y créer un hub international d’innovation et notre Imec wallon (en référence à l’Institut de microélectronique et composants flamand, qui cartonne à Louvain)?”
Cadre fiscal
On ne peut pas non plus éluder le problème culturel. Pour attirer des industries et des projets d’envergure, à l’instar de l’e-commerce, de la flexibilité sociale s’impose. Et un cadre fiscal attractif. A ce titre, la créativité est bienvenue, à l’image de cette idée d’un tax shelter industriel évoqué par les patrons. Indispensable, aussi: une politique ferme en matière d’emploi et de formation, avec un renforcement de l’activation des chômeurs et un effort massif sur les métiers en pénurie.
“ Il faut être patient et miser sur une politique à long terme”, dit l’UWE. Mais le problème, justement, c’est que le temps presse. Du moins au vu de la situation budgétaire de la Wallonie et du probable face-à-face institutionnel qui s’annonce avec la Flandre. Plus que jamais, la réindustrialisation du sud du pays et son redéploiement économique doivent constituer “la” priorité de toutes les forces vives. Comme on a eu tendance à le dire durant le covid, en France: “quoi qu’il en coûte”.
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