Amid Faljaoui
Davos, Trump et l’Europe : qui mène la danse ?
Le Forum de Davos vient de s’achever. Comme chaque année, des milliers de dirigeants politiques et économiques se sont retrouvés dans les Alpes suisses pour discuter du monde… mais c’est un Américain resté chez lui qui a capté toute l’attention.
Donald Trump, fidèle à lui-même, a lancé – par vidéoconference – une nouvelle salve de menaces économiques lors du Forum économique de Davos. Son message ? “Produisez aux États-Unis ou préparez-vous à payer des droits de douane.” En clair : “Vous êtes libres, mais si vous faites un autre choix, il sera douloureux.” Charmant, non ?
Bien sûr, plus rien ne surprend avec lui. En quelques jours, il a évoqué l’idée d’annexer le Canada (“un État vassal”) et de faire du Panama le 51ᵉ État américain pour “protéger” le canal des ambitions chinoises. Et tant qu’à faire, il ressort son vieux rêve d’acheter le Groenland. Pourquoi ne pas faire du shopping géopolitique ?
Si un dirigeant chinois ou russe tenait de tels propos, l’Europe hurlerait au scandale. Mais avec Trump ? On soupire, on hausse les épaules… Comme si on s’était résignés à le voir comme un grand enfant turbulent.
Pendant ce temps, l’Europe encaisse les coups
À Davos, l’Union européenne en a pris pour son grade. Jugée trop lente, trop indécise, sans vision. Le plus dur est venu de Larry Fink, patron de BlackRock, qui gère 11 600 milliards de dollars (oui, milliards, pas millions) : “L’Europe est un mythe merveilleux… mais qui ne fonctionne pas.”
Autrement dit, de belles idées… mais zéro efficacité.
Face à ça, la Commission européenne adopte une stratégie en trois temps : carotte, bâton et négociation.
La carotte : pour calmer Trump, l’Europe se dit prête à acheter plus de gaz naturel américain et… plus d’armes US. Une décision qui ne va pas plaire en France, où l’on préférerait voir l’épargne européenne financer des Rafales Dassault plutôt que des F-35 américains.
Le bâton : l’Europe rappelle que si Washington impose des droits de douane, elle ripostera. Comme à l’époque où elle taxait les Harley-Davidson et le bourbon en réponse aux surtaxes américaines sur l’acier.
La négociation : pour limiter son exposition aux États-Unis, Bruxelles signe des accords ailleurs. Derniers en date ? La Malaisie et l’Inde. Une façon de diversifier ses partenaires… et de montrer à Washington qu’elle n’est pas pieds et poings liés.
Trump, l’ennemi… ou le réveil de l’Europe ?
Qu’on l’aime ou non, Trump force l’Europe à bouger. C’est presque une tradition :
- Après 1945, la menace soviétique l’a poussée à se structurer. Merci Staline !
- Après l’invasion de l’Ukraine, Poutine l’a forcée à parler de défense commune. Merci Poutine !
- Aujourd’hui, c’est un “allié”, les États-Unis, qui la pousse à agir.
Alors, faut-il remercier Donald Trump ? Peut-être pas. Mais une chose est sûre : avec lui, le statu quo n’est pas une option.
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