L'oeil d'Amid Faljaoui
Wall Street : encore du jus dans le citron ! Faut-il croire Goldman Sachs ?
La fête est-elle finie sur les marchés ou le S&P 500 a-t-il encore de beaux jours devant lui ? Pour Goldman Sachs, la réponse est claire : l’Amérique reste la championne incontestée de la finance mondiale. Mais entre valorisations stratosphériques, effet Trump et dettes galopantes, les investisseurs ont de quoi se poser des questions. Décryptage d’un optimisme à toute épreuve… et de ses limites !
Chaque année, c’est le même refrain : les analystes cherchent le moment où Wall Street va trébucher. Et chaque année, Goldman Sachs remet une pièce dans le juke-box haussier. Pour 2025, la banque de Wall Street affiche un enthousiasme à toute épreuve : selon ses prévisions, le S&P 500 devrait encore grimper de 8 %, avec une croissance des bénéfices comprise entre 9 % et 11 %.
Faut-il y voir un excès d’optimisme ? Après tout, l’indice vedette de Wall Street a déjà bondi de 25 % en 2024, et l’histoire nous enseigne que les arbres ne montent pas jusqu’au ciel. Mais pour Goldman, pas de panique ! La probabilité d’une récession aux États-Unis n’est que de 20 %, et les fondamentaux restent solides.
Trump, inflation, dette : les épouvantails qui ne font pas peur à Goldman Sachs
Donald Trump, de retour aux affaires, menace de déclencher une guerre commerciale XXL en multipliant les taxes douanières. Panique en vue ? Pas pour Sharmin Mossavar-Rahmani, stratège en chef chez Goldman :
« Il ne faut pas s’arrêter à la rhétorique. L’hypothèse centrale, c’est qu’il n’y aura pas de droits de douane universels. Les équipes économiques, qu’elles soient démocrates ou républicaines, sont composées de gens réfléchis. »
Bref, un Trump plus pragmatique qu’il n’en a l’air.
Autre inquiétude : l’inflation. Brett Nelson, responsable de l’allocation tactique, se veut rassurant : la Fed devrait baisser ses taux trois fois cette année, de quoi maintenir la pression sur les prix et booster la consommation. Quant à la dette abyssale des États-Unis, pas d’affolement non plus :
« Il faut gérer le déficit, bien sûr, mais ce n’est pas une inquiétude immédiate. Ce qui compte, ce sont les taux d’intérêt et la croissance. »
En clair : circulez, y’a rien à voir.
Des valorisations perchées… mais justifiées ?
Là où même les plus optimistes tiqueraient, Goldman Sachs reste sereine : oui, les actions américaines sont chères, mais c’est le “new normal”. Selon leurs calculs, depuis 1945, le S&P 500 a été meilleur marché 90 % du temps. Pourtant, la banque assure que les valorisations élevées d’aujourd’hui ne sont pas comparables aux bulles passées.
Pourquoi ? Parce que l’économie américaine a changé de visage :
• Moins d’industrie manufacturière, plus de services et de tech.
• Des politiques monétaires et budgétaires plus sophistiquées.
• Des récessions plus courtes et plus rares.
Résultat : ce qui paraissait “insoutenable” hier est devenu la norme aujourd’hui.
Wall Street ou l’Europe ? Goldman tranche sans hésiter
L’Europe, avec ses actions bon marché (indice de valorisation de 13 fois les bénéfices contre 21 aux États-Unis), pourrait sembler être une alternative. Sauf que, selon Goldman, c’est une illusion d’optique.
Pourquoi ? Parce que le poids de la tech dans l’indice américain change tout. Si on ajuste la valorisation en tenant compte du facteur technologique, l’écart entre Wall Street et l’Europe s’amenuise. Or, c’est bien la tech qui génère les profits de demain.
Autrement dit : mieux vaut payer cher une Ferrari qu’acheter une Lada en solde.
Et les autres actifs ? Cash, or, bitcoin… Goldman tranche !
• Obligations et cash ? Mauvaise idée. Mieux vaut rester exposé aux actions : le S&P 500 pourrait grimper de 14 % dans le scénario optimiste.
• Or ? Trop cher, après un bond de 27 % en un an, principalement dopé par les achats frénétiques de la banque centrale chinoise.
• Bitcoin ? Certes, une hausse de 123 % sur un an, mais une volatilité quatre fois supérieure à celle des actions. Trop risqué pour Goldman.
Conclusion : faut-il suivre Goldman les yeux fermés ?
L’optimisme de la banque est séduisant, mais n’oublions pas que Wall Street n’est pas une machine à gagner sans fin. L’histoire boursière nous rappelle que les cycles existent… même s’ils semblent s’allonger.
Alors, Goldman a-t-elle raison ? Peut-être. Mais comme le dit le vieil adage financier :
« Quand tout le monde est d’accord, il est peut-être temps de se méfier.
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