Amid Faljaoui

Un an après, les premières leçons de la guerre en Ukraine

Il était difficile d’échapper au bilan de la guerre en Ukraine un an après son invasion par les troupes russes.

Premier constat : en 1991 et 1992, souvenez-vous, la guerre des Balkans avait divisé l’Union européenne. C’est la même division qui a été constatée lorsque la guerre en Irak contre Saddam Hussein a scindé l’Europe en deux camps. Mais en 2023, comme le fait remarquer l’expert en géopolitique Dominique Moisi, il y a plus d’Europe. Une Europe nettement plus unie qu’avant l’invasion de l’Ukraine. Pourquoi cette différence avec les guerres passées que je viens d’évoquer ? Sans doute parce que les Européens se sentaient moins menacés par Milosevic ou par Saddam Hussein que par le chantage nucléaire de Vladimir Poutine. Et puis, il y a la loi cynique du mort-kilomètre bien connue des journalistes. Autrement dit, plus un événement est distant de nous, moins il éveillera l’attention.

L’autre constat, c’est que les Etats-Unis sont les premiers gagnants de cette guerre en Ukraine. Leur influence politique et militaire via l’OTAN en sort grandie. De plus, tous les budgets défenses des armées européennes sont en hausse. Et on l’a vu avec le budget de la défense allemande, c’est l’industrie de l’armement américaine qui décroche les plus importants contrats. Et puis, notre volonté de réduire notre dépendance pétrolière et gazière à l’égard de la Russie a fait exploser les exportations de pétrole et de gaz naturel américain.

La Chine a une soif d’énergie énorme

L’autre grand gagnant de cette triste guerre, c’est la Chine. La Russie est tombée dans la zone d’influence de la Chine ne serait-ce que, parce que les deux principaux pays auquel la Russie peut vendre massivement son pétrole sont l’Inde, mais surtout la Chine. Comme la Chine veut accélérer sa croissance après 3 ans de politique de Zéro-Covid, elle a une soif d’énergie énorme. Pour l’assouvir, la Chine a fait main basse sur la Russie, l’un des principaux producteurs d’énergie au monde.

Et l’Europe, me direz-vous ? N’est-elle pas le dindon de cette guerre ? Pas nécessairement, car si durant cette guerre nous jouons un second rôle par rapport aux Etats-Unis, en revanche, lorsque l’heure de la négociation viendra, l’Europe aura un rôle central à retrouver. Nous pourrons expliquer à nos amis ukrainiens qu’un passeport européen vaudra bien quelques sacrifices.

Pour le reste, ce qui est très intéressant aussi à noter, c’est que si l’arrivée du covid a accéléré la transition digitale des entreprises. On dit même souvent que cette transformation numérique qui devait prendre 7 années a été réduite à une année grâce au covid-19. En revanche, la guerre en Ukraine n’a pas eu le même effet immédiat sur la transition énergétique. Elle a même renforcé dans un premier temps la production des énergies fossiles comme le charbon. Mais bon, on ne peut pas imposer un embargo sur la Russie et claquer des doigts pour remplacer au pied levé cette énergie.

Donc oui, à court terme, le climat a été la victime collatérale de cette guerre en Ukraine. Mais l’immense plan européen visant à verdir nos économies devrait donner un coup de boost aux investissements en énergies renouvelables et tous ces milliards d’euros d’investissement devraient nous permettre de sortir assez rapidement de ce paradoxe. Comme le dit l’auteur américain Ryan Holliday, « il faut parfois ralentir pour accélérer ».

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