L'oeil d'Amid Faljaoui

Trump veut du pétrole, mais personne ne veut forer plus 

Donald Trump a une idée fixe : faire baisser le prix du pétrole. Il est persuadé que si l’or noir coulait à flots, l’inflation ralentirait, les taux d’intérêt chuteraient et, bonus, ça mettrait la pression sur la Russie et l’Iran.

Son plan ? Pousser les producteurs américains à forer plus et convaincre l’Arabie saoudite d’inonder le marché. Sauf que personne n’a envie de suivre son script.

D’abord, les pétroliers américains. Ils ont connu les montagnes russes avec le pétrole de schiste, forant à tout-va avant de voir des dizaines d’entreprises faire faillite. Aujourd’hui, ils ont changé de stratégie : moins de croissance, plus de rentabilité. Même si Trump leur enlève toutes les contraintes environnementales, ils ne comptent pas relancer la machine à fond.

Face à cette impasse, Trump se tourne vers l’Arabie saoudite. Il prévoit même un voyage express pour convaincre le prince héritier Mohammed ben Salmane d’ouvrir les vannes. Problème : Riyad n’en a aucune envie. Pour boucler son budget, le royaume a besoin d’un pétrole autour de 90 dollars le baril. Alors pourquoi faire chuter les prix et se tirer une balle dans le pied ?

Et Riyad ?

Et puis, les Saoudiens se méfient. En 2019, ils avaient déjà suivi une demande de Washington en augmentant leur production, pensant que l’administration Trump allait durcir l’embargo contre l’Iran. Mais à la dernière minute, les États-Unis avaient accordé des exemptions à certains pays, inondant le marché et faisant plonger les cours. Résultat : cette fois, Riyad préfère temporiser.

Autre élément clé : l’Arabie saoudite veut maintenir de bonnes relations avec la Russie au sein de l’OPEP+. Et plutôt que d’entrer dans une guerre économique avec l’Iran, elle préfère désormais la voie diplomatique. Bref, l’argumentaire de Trump a peu de chances de faire mouche.

Quant à la production américaine, elle est déjà à des niveaux records et ne devrait augmenter que de 2 % cette année. Pas de quoi bouleverser le marché. En plus, si Trump décide de sanctionner plus durement l’Iran ou la Russie, ça risque surtout de faire grimper les prix, l’inverse de son objectif.

Au final, Trump peut insister autant qu’il veut : ni les pétroliers américains ni les Saoudiens ne vont changer de cap pour lui. Le pétrole, ce n’est pas une simple manette qu’on actionne sur commande, et même un président des États-Unis doit composer avec la réalité du marché.

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