Amid Faljaoui
Trump perd son procès : “même pas peur” !
Le verdict prononcé la semaine dernière contre l’ancien président Donald Trump est lourd de signification. D’abord, parce que c’est la première fois qu’un président américain est condamné au pénal et à l’unanimité du jury qui l’a reconnu coupable de 34 chefs d’accusation formulés contre lui. Ensuite, parce que les plus optimistes se diront que malgré ses immenses imperfections, malgré la polarisation de la population américaine au niveau politique, c’est un signe que la démo¬cratie américaine fonctionne encore. Mais au final, qu’est-ce que cela change dans cette course à la présidence ? Rien en apparence…
Dans les sondages, Donald Trump menait déjà d’une courte tête la course face à son rival Joe Biden. Il le devançait aussi dans les fameux six Etats (swing states) qui peuvent faire la différence le 5 novembre prochain. Et sur ce plan, rien n’a changé. Les sondages d’opinion n’ont pas montré de chute de la popularité de Trump, ni une avancée de Joe Biden. Que du contraire, les fans de Trump sont galvanisés et convaincus que leur champion est victime d’une cabale. Quant à Trump lui-même, même s’il a d’abord grimacé en sortant du tribunal, il va maintenant revenir à fond dans la campagne car avec ce procès, il devait être présent physiquement quatre jours par semaine à New York pour assister à son propre procès. Le milliardaire new-yorkais va pouvoir sillonner le pays et galvaniser ses troupes.
Donald Trump aura aussi du renfort sur le plan financier, notamment pour payer ses frais de procès, car une enquête de l’agence Bloomberg montre que le financement de la campagne de Trump est en train de s’accélérer. De nombreux patrons de Wall Street et même de la Silicon Valley (jadis démocrate) ont pris fait et cause pour lui. Autre fait majeur : ils ne s’en cachent plus aujourd’hui. Les uns parce qu’ils ne veulent pas d’une augmentation de l’impôt des sociétés et des personnes fortunées promise par Biden, d’autres parce qu’ils ne veulent pas d’une réglementation plus dure au niveau des fonds propres bancaires, et d’autres encore, comme Steve Schwarzman, le PDG fondateur du fonds Blackstone, parce qu’ils estiment que l’administration Biden est encore trop timide dans sa riposte contre les manifestations propalestiniennes sur les campus américains.
Et cela m’amène aux marchés financiers qui n’ont pas bronché lorsque la culpabilité de Trump a été prononcée. Normal, là encore, car le verdict était déjà anticipé par les investisseurs, dans le jargon, on dit “qu’il était déjà inscrit dans les courses”. D’autant plus facilement inscrit que ne l’oublions pas, ce procès fleuve a duré plusieurs semaines et les investisseurs ont eu largement le temps de se faire une idée de son résultat final.
Mais le plus cocasse, c’est que les votes populaires en faveur de Trump sont des votes – au-delà de l’idéologie – reprochant à Joe Biden des taux d’inflation et taux d’intérêt trop élevés. Cocasse, car si Trump est élu, l’inflation restera élevée… Sa baisse des impôts et l’augmentation des droits de douane contre les importations chinoises vont provoquer mécaniquement une hausse de l’inflation, notamment importée. Et les taux d’intérêt ne baisseront pas ou pas aussi forts qu’escompté par le citoyen américain, à cause de cette inflation qu’ils redoutent aujourd’hui mais qui sera accentuée par la politique fiscale, commerciale et budgétaire de Trump. Si la banque centrale américaine hésite tant à baisser ses taux, c’est aussi en raison d’une possible arrivée de Trump à la Maison Blanche avec un programme inflationniste. Mais voilà, ces vérités économiques sont des insultes à l’air du temps et les hirondelles risquent de faire grève pour Joe Biden.
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