Grégory Guilmin
Trop de taxes, trop de paperasse : la Belgique assassine ses investisseurs
Qui se souvient de la fameuse taxe de spéculation introduite le 1er janvier 2016 et supprimée le 1er janvier 2017 ? Cette taxe de 33% pénalisait les investisseurs belges qui faisaient des plus-values en moins de 6 mois. Elle a été arrêtée à cause de son coût et du fiasco administratif.
Et il y a quelques jours, rebelote. Le gouvernement belge a introduit la fameuse « contribution de solidarité » (le texte doit encore être voté). Une taxe de 10% sur les plus-values actions. Cependant, ceci n’est pas surprenant car la Belgique était un peu un ovni sur le sujet puisqu’il y a une taxe sur les plus-values dans beaucoup de pays voisins.
Cette taxe souligne énormément de questions pratiques, mais là n’est pas mon propos.
Je vais être direct. Je suis contre cette taxe pour quatre raisons spécifiques :
- Les bénéfices des sociétés sont déjà bien taxés à l’impôt des sociétés ainsi que lorsqu’on verse des dividendes (via le précompte mobilier) ;
- Cela risque de décourager les personnes qui investissent dans des actions, des ETF et même des actions d’entreprises non cotées (comme le boulanger ou le commerce du coin) ;
- Dans un contexte de mondialisation, des taxes élevées sur les plus-values peuvent pousser les investisseurs à déplacer leur capital vers des pays où la fiscalité est plus favorable (coucou le Luxembourg, …) ;
- MAIS surtout, ça va décourager des investisseurs potentiels à cause des contraintes administratives que cela engendre.
En parcourant les commentaires sur mes réseaux sociaux, je constate une lassitude générale : les gens en ont assez des lourdeurs administratives. L’État ne cesse de compliquer la vie des investisseurs avec des contraintes administratives : déclaration d’un compte à l’étranger au PCC, paiement de la TOB, taxe sur les plus-values, taxe sur les comptes-titres, … L’investisseur se retrouve submergé par un flot incessant de contraintes administratives.
Déjà qu’investir en Bourse n’est pas une mince affaire. Alors si on rajoute toutes les contraintes, je peux comprendre qu’on se sente découragé d’investir.
A l’heure du partage d’informations automatique entre les institutions financières européennes et l’Etat belge, l’administration fiscale a les moyens de tout connaître sur la santé de nos finances personnelles. Alors, si l’Etat belge veut nous taxer plus, alors qu’il mette en place les processus et qu’il le fasse lui-même. Il n’a pas besoin de dégouter des millions d’investisseurs.
Et puis, j’ai une question qui me taraude : est-ce que toutes ces contraintes administratives ne sont pas contraires au principe de mobilité des capitaux ?
Imaginons un client belge qui dispose de 30 000 euros et qui, frustré des taux d’intérêts faibles proposés par les acteurs traditionnels en Belgique, souhaite ouvrir un compte à l’étranger. Ouvrir un compte à l’étranger, dans une banque française ou allemande par exemple, n’est pas compliqué. Par contre, ce qui est compliqué, ce sont les obligations fiscales liées à détenir un compte à l’étranger. Si on détient un compte à l’étranger, il faut faire plusieurs choses : (i) Le déclarer au Point de Contact Central (PCC) de la Banque Nationale de Belgique, (ii) le noter dans sa déclaration fiscale et (iii) déclarer les revenus liés à ce compte.
Alors qu’il existe un partage d’informations entre le fisc belge et les institutions financières européennes, pourquoi obliger l’épargnant belge à devoir effectuer ces démarches administratives ? Quel est l’intérêt ?
Sont-elles créées pour empêcher les belges d’investir ? Sont-elles créées pour le simple plaisir de nous ennuyer ? Ou sont-elles créées pour inciter l’épargnant belge à rester immobile dans une banque belge ?
Alors que l’avenir des pensions est incertain, il est temps d’arrêter de compliquer les choses. Utilisons les outils existants pour faciliter la vie des investisseurs au lieu de les accabler de paperasse. Surtout, ne brisons pas l’élan d’une jeune génération prête à gérer son avenir financier, mais lassée par un système administratif de plus en plus contraignant.
Simplicity is key.
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