Santé mentale de nos enfants: les réseaux sociaux sont-ils la corde pour nous pendre de Lénine ?
En Europe et aux États-Unis, on en est encore à discuter d’une éventuelle restriction des réseaux sociaux pour les plus jeunes, alors qu’en Chine c’est déjà le cas. Cela me fait penser à la phrase de Lénine : «les capitalistes nous vendront eux- mêmes la corde avec laquelle nous les pendrons» .
Vous avez peut-être remarqué que depuis quelques semaines, et même quelques mois, des réseaux sociaux comme Facebook, YouTube ou TikTok ont acheté des pages de publicité dans les journaux pour nous dire qu’ils font attention à nos enfants . Ils préconisent, par exemple de ne pas rester trop longtemps accrochés à leurs écrans. Si vous êtes distraits, vous vous êtes sans doute dit, « c’est sympa, voilà au moins une démarche responsable de la part de ces géants du numérique. Finalement, ils ne pensent pas qu’au fric ». He bien, détrompez-vous ! Ces pages de publicité « responsables » ne sont pas venues via le Saint-Esprit. Si elles ont été publiées, c’est uniquement parce que les dirigeants de la Commission européenne et 33 États américains sont en train de mener une enquête sur l’impact des réseaux sociaux sur la santé mentale de nos enfants et en particulier les adolescents. Les réseaux sociaux essaient donc juste de montrer patte blanche. Histoire d’éviter des législations qui pourraient briser leur modèle économique.
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’une menace plane. La première fois, ils ont été accusés de ne pas protéger nos données numériques, la deuxième fois de favoriser la désinformation et maintenant, ils sont accusés d’être nuisibles à la santé mentale de nos enfants. Meta, YouTube, TikTok et Snap sont donc très conscients du danger réel d’une telle menace. Pour donner un exemple, Snap a 20% de son audience qui a entre 13 et 17 ans.
D’autant plus qu’il n’y a pas que la législation. Ces groupes ont aussi peur que les investisseurs en Bourse ne finissent par les délaisser en achetant plus leurs titres. Des banques comme Edmond de Rothschild Asset Management ont par exemple sorti Facebook de leur portefeuille, car la société ne respecte pas sa responsabilité sociale. Exactement comme d’autres banques sortent des sociétés parce qu’elles sont polluantes ou qu’elles ne respectent pas le droit social.
Et le combat ne sera pas simple pour limiter l’impact des réseaux sociaux. Des avertissements ou des notifications comme le préconisent les géants du numérique ne seront pas suffisants pour couper le cordon ombilical. Les réseaux sociaux par design de départ jouent sur notre psychologie, par exemple au travers du principe des récompenses imprévisibles. C’est le même que celui utilisé par les machines à sous dans les casinos. Nos enfants font défiler sur Instagram des photos ou des vidéos jusqu’à ce qu’ils en trouvent une à leur goût. Cette découverte va activer le circuit de la récompense en libérant une dose de dopamine dans leur cerveau. Ce qui les amènera à se sentir bien. Or comme le dit Anna Lembke, professeur de psychiatrie à l’université de Stanford, « il y a une tendance naturelle chez l’être humain à retourner à la source de dopamine pour obtenir une nouvelle dose ». Ce caractère addictif est encore accentué par des techniques marketing de fidélisation comme des contenus proposés non plus par ordre chronologique, mais en fonction de l’intérêt par l’utilisateur. La fidélisation addictive peut aussi se faire par le défilement infini ou par des contenus éphémères ou par des vidéos qui démarrent automatiquement. Bref, au final, nos jeunes restent scotchés des heures devant leur écran.
En Europe et aux Etats-Unis, on en est encore à discuter sur le sujet, alors qu’il y va de l’avenir de nos sociétés. En Chine on chipote moins et on a déjà interdit les réseaux sociaux aux plus jeunes. Ce qui me fait penser à la phrase de Lénine : «Les capitalistes nous vendront eux- mêmes la corde avec laquelle nous les pendrons» . Et vous, vous en pensez quoi ?
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici