Amid Faljaoui

Premières faillites bancaires accélérées par les réseaux sociaux

L’actualité de ces deux dernières semaines a été monopolisée par les 3 faillites de banques américaines et par le sauvetage in extremis de la banque Crédit Suisse.

Même les plus jeunes de nos lecteurs se souviennent de la crise financière de 2008 qui a mis la planète tout entière dans un pétrin incommensurable. Soyons clairs, personne n’a envie de revivre ce scénario noir fait à base de panique contagieuse et de banques qui tombent comme des dominos. Mine de rien, nous avons tous pu voir – en direct et devant nos yeux ébahis – comment en 5 jours à peine, une banque qui a une histoire de 167 ans a disparu de la carte.

Enfin, « disparu » n’est pas le terme approprié, parce Crédit Suisse a été absorbée par une autre banque suisse UBS. D’ailleurs, certains commentateurs n’hésitent pas à dire que c’est en quelque sorte le hold-up du siècle. La raison ?  Le Crédit Suisse, c’est une banque qui a des fonds propres de 60 milliards qui ont été payés à peine… 3 milliards par UBS. Si ça, ce n’est pas la plus belle affaire du siècle, qu’est-ce que c’est alors ? Le drame, c’est que cela risque hélas aussi d’être la casse sociale du siècle en Suisse, car ces deux banques ont énormément d’agences et de fonctions support qui doublonnent.  

L’autre leçon que tirent tous les banquiers et surtout les autorités de contrôle : l’importance actuelle des réseaux sociaux. La preuve, lorsqu’on a demandé au président du Crédit Suisse qui était le responsable de cette catastrophe, il n’a pas hésité, il a répondu : « la tempête sur les réseaux sociaux ». De fait, lorsque la crise financière de 2008 avait éclaté, nos lecteurs se souviennent des images chocs montrant les immenses queues de déposants devant la banque britannique Northern Rock ou devant les banques grecques durant la crise de la dette publique en 2010-2012.  Aujourd’hui, on a vu aucune image de la sorte devant les guichets des 3 banques américaines qui ont fait faillite. Etonnant ? Non, parce qu’en 2008, je vous le rappelle, c’était juste un an après l’apparition de l’iPhone. Eh oui, l’iPhone ne date que de 2007.

Dans le cas de la Silicon Valley Bank, ce qui a fait fuir en masse ses déposants, ce sont les commentaires sur des applis comme Slack, WhatsApp, Twitter ou Reddit. La rumeur des difficultés de la Silicon Valley Bank s’est répandue à la vitesse de l’éclair et les clients ont pu, d’un seul clic, retirer leur argent via leur application mobile. Merci qui ? Merci, l’iPhone et les autres constructeurs de smartphones. Le résultat de ce premier « bank run » par mail ou appli interposé, c’est que 42 milliards de dollars ont été retirés en l’espace de 24 heures comme le rappellent mes confrères du Figaro.

Maintenant, tout est nuance. Les réseaux sociaux ne sont pas à l’origine des difficultés réelles de ces banques, mais c’est vrai qu’ils les ont accélérées. Les réseaux asociaux ont accéléré la panique et ont en quelque sorte provoqué la faillite qu’ils redoutaient. Pareil mouvement moutonnier risque de se reproduire, et les gendarmes financiers du monde devront revoir leur procédure de contrôle, car ils n’avaient pas pensé à cet aspect. Non pas qu’il soit inédit, car les « esprits animaux » comme disent les économistes férus de psychologie ont toujours existé dans la finance. Mais le côté « moutons de Panurge » est aujourd’hui accéléré par le smartphone que nous avons tous en poche.

Et pendant ce temps, les cryptomonnaies reprennent des couleurs

Etonnant, mais les cryptomonnaies profitent de la crise bancaire actuelle, le Bitcoin a grimpé de plus de 30% sur les deux semaines de crise. Les plus optimistes se disent : « mais oui, on vous l’avait bien dit, la finance traditionnelle n’a aucun avenir, vous en avez la preuve encore ces deux dernières semaines, c’est d’ailleurs après la crise de 2008, que les cryptomonnaies ont été créées pour justement être indépendant du système bancaire et des Etats qui les manipulent ». Pour ces optimistes CONgénitaux, les cryptomonnaies sont la seule alternative en cas de crise bancaire. Passez-moi la brutalité de l’expression, mais j’ai juste envie de leur dire : « mon œil ». Quand les cryptomonnaies ont plongé, des centaines de milliers de personnes ont perdu toute leur épargne. J’en connais même qui ont tenté de se suicider, car ils ont trop écouté certains influenceurs et ont cru que les arbres grimpent jusqu’au ciel. Je sais bien qu’aux yeux de chaque maman scarabée, son petit est une gazelle, mais là, il ne faut pas exagérer.

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