L’école de commerce n’est pas (encore) morte. Mais elle sent la naphtaline. Pendant qu’on y enseigne encore Michael Porter comme un oracle, les vrais enjeux se déplacent vers les stratégies algorithmiques. Ce ne sont plus les business schools qui fabriquent les élites économiques. C’est l’infrastructure cognitive. Le vrai pouvoir va à ceux qui conçoivent les modèles. Ceux qui savent parler à une IA, la dompter, l’interroger, l’auditer, deviennent la nouvelle élite. Les IA redessinent l’économie réelle sans demander la permission aux alumni. L’IA ne dort pas, ne doute pas, n’a pas d’ego et ne facture pas. Et surtout, elle pense mieux que nous. Décliner des visions creuses dans des slides PowerPoint ne suffit plus.
Soyons lucides : l’école de commerce ne forme plus à diriger. Elle forme à être dépassé. On apprend encore à pitcher une idée ; dans le monde réel, c’est l’algorithme de scoring qui tranche. On enseigne la négociation ; l’IA, elle, écrit le contrat, anticipe les points de friction et optimise la clause de sortie. Même dans le théâtre du leadership, l’humain n’a plus le monopole. L’ultime humiliation ? L’IA maîtrise même le “bullshit managérial”.
La comédie éducative se poursuit : on continue à faire semblant d’enseigner le management comme un art humain, intuitif et relationnel. Résultat : ce sont les Large Language Models comme GPT qui commencent à produire les recommandations stratégiques les plus fines. Dans beaucoup de cabinets de consultants, c’est déjà Gemini 2.5 ou ChatGPT o3 qui font le gros du travail ! Logiquement, le vrai MBA du futur, c’est ChatGPT qui modélise en temps réel l’avenir de votre secteur. Et le vrai patron de 2030, ce n’est plus un ancien de l’INSEAD. Ce sera un modèle d’IA. Froid, logique, sans biais cognitifs, capable d’optimiser une stratégie à partir de milliers de milliards de données en 2 secondes, là où un chief strategy officer humain met trois semaines à produire un PowerPoint parfois insipide.
Le vrai MBA du futur, c’est ChatGPT qui modélise en temps réel l’avenir de votre secteur.
Les jeunes diplômés sortent équipés pour une économie qui n’existe déjà plus. Les écoles de commerce n’ont pas vu le vent tourner. Elle forment encore des décideurs dans un monde où la décision est en train d’être externalisée à la machine. Elles valorisent l’intuition, le réseau, l’habilité politique. Mais dans un univers piloté par des IA, ces vertus deviennent du folklore. En réalité, les business schools produisent des diplômés calibrés pour des fonctions qu’une IA remplit déjà en plus rapide. Le capital ne se laisse plus séduire par un bon pitch: il exige des prédictions. Et l’intelligence humaine ne suffit plus à les fournir. ChatGPT gagne un point de QI par semaine. Même Sam Altman, son créateur, est convaincu qu’il sera moins intelligent que la prochaine version GPT5.
Alors non, l’école de commerce n’est pas morte. Mais elle forme désormais des dauphins pour un monde sans océan. Une aristocratie de la présentation, à l’ère de la machine décisionnelle. Mais 1789 approche et Robespierre est une IA.
À l’approche de la super IA, les écoles de commerce doivent cesser de former des gestionnaires standardisés, remplaçables par des algorithmes. Leur mission devient existentielle : forger des esprits capables de penser la stratégie à un niveau supérieur, d’orchestrer des IA plus puissantes que les humains. Elles doivent enseigner la lucidité numérique, l’art de décider sous incertitude radicale, la capacité à conjuguer puissance technologique et responsabilité humaine. Bref : produire des élites capables de rester pertinentes dans un monde où l’intelligence n’est plus un monopole humain.