Amid Faljaoui

Le « put » de Trump: un parachute doré pour Wall Street?

La Bourse, c’est un peu comme un ado en pleine crise : un jour euphorique, le lendemain en pleine déprime. Mais la Bourse a une faiblesse bien connue : elle adore être rassurée. Et certains ont compris qu’il suffisait de lui tendre la main pour gagner son affection.

Dans les années 90 et 2000, Alan Greenspan, l’ancien président de la banque centrale américaine (FED), était passé maître dans cet art. Sa technique ? Baisser les taux d’intérêt à chaque coup de mou du marché pour éviter la panique. Résultat : les investisseurs savaient qu’ils avaient une sorte de filet de sécurité en cas de problème. Un vrai parachute doré qu’on a surnommé le “Greenspan’s put”.

Aujourd’hui, c’est Donald Trump qui reprend le flambeau… mais à sa manière. Avec lui, pas question de baisser les taux – ce n’est pas lui qui décide – mais il a trouvé un autre moyen de rassurer les marchés : la politique et la communication.

Mais au fait, c’est quoi un “put” ?

Petit détour pour ceux qui n’ont pas fait option finance et qui ne savent sans doute pas qu’en finance, les “put” ne sont pas ce qu’on pourrait imaginer.

En Bourse, une option de vente, ou “put”, c’est un contrat qui permet de vendre un actif à un prix fixé à l’avance. C’est une sorte d’assurance : si la Bourse s’effondre, celui qui détient ce contrat peut toujours revendre ses actions à un prix plus intéressant que leur valeur réelle à ce moment-là.

Et quand on parle du “Greenspan’s put”, on ne parle pas d’un vrai contrat, mais plutôt d’une assurance implicite offerte aux investisseurs par l’ancien président de la banque centrale américaine. En clair : à chaque coup dur, la Banque centrale américaine volait au secours des marchés boursiers en baissant les taux. Les investisseurs savaient qu’ils pouvaient prendre des risques, car en cas de problème, Greenspan serait là pour limiter la casse.

Et Trump fait pareil… mais sans jouer avec les taux.

Le “put” version Trump : rassurer la Bourse à tout prix

Lui, son parachute pour Wall Street, c’est sa politique. Et ses outils sont bien rodés :

  1. Les tarifs douaniers : un grand numéro d’équilibriste
    Trump annonce des taxes sur les importations chinoises, européennes ou mexicaines. Panique sur les marchés ! Puis, il négocie, assouplit sa position, et Wall Street respire. Ça, c’est du grand art : il fait trembler les investisseurs, puis il les rassure… et tout le monde oublie la frayeur du début.
  2. Le protectionnisme à la sauce électorale
    Il impose des règles pour rapatrier certaines usines aux États-Unis, histoire de montrer qu’il protège l’emploi local. Mais en parallèle, il laisse les multinationales américaines tranquilles pour ne pas les effrayer. Résultat : la classe moyenne est contente et la Bourse aussi.
  3. La dérégulation en mode bulldozer
    Moins de règles pour les entreprises, moins de bureaucratie, et même un “Department of Government Efficiency” confié à… Elon Musk ! Oui, oui, c’est lui qui est chargé de rendre l’État plus efficace. Wall Street adore.
  4. L’immigration ultra-restrictive… mais pas pour les ingénieurs
    Trump veut durcir l’immigration, mais il fait une grosse exception pour les talents de la tech. Pourquoi ? Parce que les GAFAM pèsent lourd sur les marchés financiers, et il ne faudrait surtout pas faire fuir les cerveaux qui font tourner Google, Tesla ou Apple.

Mais ce genre de “put” peut-il tenir longtemps ?

Pour l’instant, la Bourse y croit. Les indices montent, les investisseurs se rassurent, et tout le monde joue le jeu.

Mais un détail intrigue : l’or, valeur refuge par excellence, grimpe en flèche.

Pourquoi ? Parce que certains sentent que ce petit jeu a ses limites. Les tensions commerciales, la dette américaine qui explose, l’instabilité géopolitique… Bref, plein de bombes à retardement qui pourraient tout faire basculer.

En réalité, le “Trump’s put” fonctionne tant que les marchés veulent bien y croire. Mais si un jour Wall Street doute… alors il n’y aura peut-être plus personne pour rattraper la chute.

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