Amid Faljaoui

L’avenir de votre pension lié à un homme habillé d’un sempiternel blouson en cuir ? 

Imaginez un instant que votre portefeuille boursier tienne en équilibre sur une seule entreprise. Eh bien, c’est exactement ce qui est en train de se passer avec Nvidia. Le fabricant de puces pour l’intelligence artificielle est devenu, en quelques années, le cœur battant de Wall Street. Ses résultats financiers ne sont pas seulement scrutés par les investisseurs : ils sont devenus un indicateur avancé de la santé du capitalisme technologique mondial.

Ce mercredi, hier donc, Nvidia a encore frappé fort : chiffre d’affaires en hausse de 56 %, bénéfice net en hausse de 59 %. On parle de 26 milliards de dollars de profits en un seul trimestre. À titre de comparaison, ce profit trimestriel est l’équivalent de ce que la Belgique encaisse en impôts sur le revenu sur une demi année. Le parallèle fait sourire, mais il dit surtout une chose : l’IA n’est plus une vaguelette spéculative, c’est un tsunami industriel qui redistribue la richesse mondiale.

Et pourtant, tout cela repose sur un produit très concret : des puces électroniques. La dernière née, la Blackwell, se vend comme des petits pains… mais à 30.000 dollars pièce. Nvidia en écoule 72.000 par semaine, et ce ne sont pas des PME du coin mais bien Meta, Google ou encore Amazon qui font la queue pour les acheter afin de nourrir leurs data centers.

Le résultat, c’est une explosion des investissements : Meta a déjà rajouté 7 milliards sur la table cette année, Google 10 milliards. Bref, l’IA coûte cher, mais les géants sont persuadés que ne pas investir leur coûterait encore plus cher.

Bien sûr, tout n’est pas rose. La géopolitique vient se mêler de l’affaire. La Chine représente à elle seule la moitié des développeurs d’IA de la planète et un marché colossal pour Nvidia. Mais voilà, Washington a interdit la vente de certaines puces jugées trop sensibles, au nom de la sécurité nationale. Pékin a riposté en décourageant ses entreprises d’acheter les modèles bridés proposés par l’entreprise américaine Nvidia. Résultat : Nvidia doit jouer les équilibristes entre deux superpuissances qui utilisent ses puces comme des pions sur l’échiquier stratégique.

Alors, la question est simple : la vague IA peut-elle se retourner ? Pour l’instant, les chiffres donnent une réponse claire : non. Nvidia est valorisé 4.000 milliards de dollars en Bourse, et il représente désormais 7,5 % de la valeur totale du S&P 500, contre seulement 3 % il y a encore quelques mois. Autrement dit, chaque Américain qui a un fonds de pension est désormais dépendant de la santé d’une seule entreprise. On peut admirer la performance, mais on peut aussi s’inquiéter d’une telle concentration des risques.

Et puis, il y a cette phrase du patron Jensen Huang qui est – et c’est ça l’ironie – d’origine chinoise. Et que dit-il, si ce n’est que : “La course à l’IA est lancée.” Et cette phrase dit tout, elle vaut son pesant de plutonium. Dans cette compétition mondiale, celui qui n’investit pas prend le risque de sortir du jeu. Les marchés l’ont bien compris, et même si l’action Nvidia a reculé de 3 % après l’annonce de ce mercredi — parce que Wall Street est parfois capricieux —, la tendance de fond reste implacable.

Conclusion ? Nvidia n’est plus seulement un fabricant de puces. C’est devenu le baromètre de la confiance des marchés dans l’avenir de l’intelligence artificielle. Si demain Nvidia trébuche, c’est toute la planète finance qui se mettra à tousser. Comme quoi, parfois, l’économie mondiale tient dans un carré de silicium et au génie d’un homme habillé avec un éternel blouson en cuir.

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