Typhanie Afschrift

La Belgique est l’un des pires enfers fiscaux au monde

Typhanie Afschrift Professeure ordinaire à l'Université libre de Bruxelles

Ce que révèlent les chiffres d’imposition de la Belgique, c’est que notre Etat s’oriente de plus en plus vers un système autoritaire, un despotisme sans despote.

La nouvelle est habituelle, mais il faut regretter qu’elle ne soulève aucun scandale. Une fois de plus, la Belgique, d’après les statistiques de l’Organisation de coopération et de développement économiques, est apparue comme l’un des pires enfers fiscaux au monde.

Au niveau global, elle est le deuxième pays le plus taxé (en total des impôts et des cotisations sociales) au monde. En ce qui concerne les salariés, c’est pire: ils doivent sacrifier à l’Etat 52% de leurs revenus, et la Belgique est ainsi le seul pays au monde où les travailleurs travaillent plus pour l’Etat que pour eux-mêmes.

Cette nouvelle aurait dû être perçue par les hommes et femmes politiques comme une remise en cause fondamentale de leur gestion, d’autant que c’est ce que ressentent de très nombreux citoyens. Mais à part quelques remarques du président du MR, ce fut un grand silence. On a même entendu certains mandataires distingués qui se présentent parfois comme libéraux, tels ceux de DéFI, arguer que ce n’est pas vraiment important parce que l’essentiel des prélèvements obligatoires est consacré à des “transferts”.

On se doute bien, évidemment, que l’Etat ne prélève pas 163 milliards par an pour les jeter dans un trou noir quelque part. Cet argent sert à quelque chose, à bon ou à mauvais escient. Il rémunère des cohortes d’agents des services publics, dont certains rendent un service utile, et est aussi utilisé à fournir des revenus à des personnes conformément à la loi, et même à subventionner des entreprises ou d’autres groupes. Il est donc vrai que cet argent revient à des personnes.

Il n’empêche que ces gigantesques mouvements financiers impliquent une mainmise croissante de l’Etat sur les revenus et les activités de chacun. Dans un système où l’on prélève une proportion aussi énorme des revenus, cela signifie qu’un nombre sans doute majoritaire de personnes tirent l’essentiel de leurs revenus, non pas de leur travail et de leurs initiatives, mais bien d’attributions décidées par le pouvoir politique.

La seule solution pour empêcher la poursuite de cette dérive, c’est de prévoir un “bouclier fiscal”.

D’éminents auteurs, comme le prix Nobel Friedrich Hayek, ont toujours affirmé qu’il y a deux manières de gagner sa vie. Il y a d’abord les moyens économiques, qui consistent à travailler, à faire du commerce, à conclure des contrats, librement consentis par les autres. Cela consiste, comme c’est toujours le cas dans le capitalisme, à tirer ses revenus du fait que l’on aide les autres à réaliser des désirs ou combler des besoins, en plein accord avec eux. A côté de cela, il y a les moyens politiques, qui consistent à convaincre le pouvoir de prendre l’argent chez les autres par la force pour que vous en bénéficiez.

Dans un système libéral, les moyens économiques doivent être privilégiés. Ce que révèlent les chiffres d’imposition de la Belgique, c’est que notre Etat n’est pas libéral, et qu’il s’oriente de plus en plus vers un système autoritaire, un despotisme sans despote.

Que l’on le veuille ou non, ce système glisse en effet tout doucement vers un autre type de régime. Et cela fonctionne parce que l’on prétend, à cause de principes comme “l’universalité de la sécurité sociale”, gérer les revenus de tout le monde plutôt qu’aider ceux qui en ont vraiment besoin. Avec comme conséquence qu’une majorité s’imagine bénéficier du système, ce qui n’est évidemment pas vrai.

La seule solution pour empêcher la poursuite de cette dérive, c’est de prévoir dans la Constitution un niveau maximum de prélèvements obligatoires autorisés, un “bouclier fiscal”. Idéalement, il faudrait un maximum général, correspondant à un pourcentage plafond pour les prélèvements de l’ensemble du pays, et il faudrait y ajouter un bouclier fiscal individuel correspondant à tous les impôts directs qu’une personne doive payer. Quel parti est prêt à faire une telle proposition?

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